Je reviens te chercher (des idées culturelles mensuelles)
C’est en septembre
Quand les courriels sont courriellés
Et que les suggestions culturelles tremblent sous l'ombre
D´un automne dé-bronzé
C´est en septembre
Que l´on peut lire notre infolettre pour de vrai
Mais assez de parodie de toune de Gilbert Bécaud, voici des affaires un peu plus de notre temps qu'on vous recommande.
Nathan Fielder se prend pour Charlie Kaufman
Nathan Fielder, de Nathan for You, est de retour avec The Rehearsal, et on se demande bien comment on est supposés décrire ça… Peut-être en disant que peu importe comment on résume le concept (Nathan prépare des gens à affronter diverses situations en leur offrant la chance de faire des «répétitions» à l'avance), l'émission va bien au-delà.
Au final, c'est une exploration de l'insécurité et de l'instabilité de l'existence humaine, un entraînement par l'absurde à l'empathie, et un étrange voyage dans l'étrange vie intérieure de l'étrange Nathan Fielder. Le personnage, mais peut-être aussi la personne? C'est toujours dur à dire avec lui.
Bref, c'est extraordinaire. Allez regarder ça sur Crave. Puis, si vous avez aimé ça, poppez dans le VHS le film Synecdoche, New York. C'est le premier film réalisé, en 2008, par Charlie Kaufman, le scénariste de génie derrière Eternal Sunshine of the Spotless Mind et Being John Malkovich.
C'est un film drôle d'une étrange façon et triste d'une manière tout aussi étrange, dans lequel un metteur en scène de théâtre gagne une bourse lui permettant de travailler sans fin sur son grand œuvre. La pièce qu'il commence à monter ambitionne de recréer la vraie vie.
The Rehearsal et Synecdoche se parlent abondamment. Comme dans The Rehearsal, il y a des buildings factices construits dans de vrais buildings, des acteurs qui jouent des acteurs qui jouent de vraies personnes, et un créateur (joué par Philip Seymour Hoffman) qui tente de connecter comme il peut au monde qui l'entoure.
Bref, c'est extraordinaire ça aussi. L'un des meilleurs films que Mathieu a vus. Et revu. Et vu encore.
Signe du déveule
Si vous avez besoin d'un album pour gueuler les paroles en char ou, si vous n'avez pas de char, en passant le balai dans votre cuisine, le voici. Les fans de punk rock engagé, style Vulgaires Machins, auront assurément du fun avec Mes parents sont racistes et Caro a déjà hâte de hurler en show sur Finir en cour, qui parle du manque de conséquences lors de dénonciations pour agressions.
À écouter sur Spotify ou à acheter via Bandcamp
Deviens-tu un fan de ce podcast?
Trop d'animateurs de balados voient le format comme une permission de jaser pendant des heures sans avoir besoin de se demander si c'est intéressant. On ne nommera pas de noms *tousse* [nomme à peu près tous les humoristes qui ont acheté un micro USB dans les cinq dernières années] *tousse*.
Puis, il y a Dominic Tardif, et son Deviens-tu c'que t'as voulu. C'est un peu cliché de dire que c'est un des (le?) meilleurs podcasts d'entrevue au Québec, mais quossé vous voulez, c'est vrai.
En 90 minutes, Tardif passe à travers le parcours de vie de son invité, des débuts modestes où il dansait de la claquette dans une salle paroissiale, à l'album qu'il a sorti l'an dernier, en passant par la passe un peu oublié dans les années 1980 où il a joué dans une émission qui n'a fait que cinq épisodes.
On vous le dit : vous ne saviez pas que la vie d'Édith Butler vous intéressait autant. Tout comme l'histoire de Tricot Machine vécue de l'intérieur. Tardif est un excellent intervieweur, et la liste de ses invités, de Bruno Blanchet à Louis-Jean Cormier, vaut le détour.
Une longue, mais vraiment belle, ride de char
Drive My Car. Pas la toune des Bidules. Le film de Ryusuke Hamaguchi. On vous en avait parlé du temps qu'il n'était qu'à l'état de bande-annonce, parce que c'est l'adaptation d'une nouvelle d'un auteur japonais que Caro aime beaucoup. On vous en reparle maintenant parce que Mathieu a eu le temps de voir le film. Deux fois.
Oui, ça dure trois heures. Oui, c'est un drame. Oui, c'est sous-titré. Ça se regarde quand même avec bonheur. Ce n'est vraiment pas une punition.
Ne boudez pas cette magnifique histoire sur la résilience, et l'importance de vivre pleinement ses émotions, même les plus douloureuses. Voyez Drive My Car, ne serait-ce que pour vivre l'expérience d'un film qui place son générique de début après 40 minutes.
Disponible sur Crave.
Croustilles chaudes
Mathieu a été un fan du groupe Hot Chip pendant quelques années, mais les derniers albums l'avaient laissé plutôt tiède. Voire même frette. Les Britanniques semblent cependant beaucoup plus en forme sur leur tout dernier, Freakout/Release.
En tout cas, la ballade Not Alone et la pièce-titre Freakout/Release (diamétralement opposée à la première) sont en rotation plus que régulière dans le iPod Nano de Mathieu.
Ben ben fine
Être bienveillant·e est une bien belle qualité... jusqu'à ce que soit une raison pour les autres d'en profiter à outrance. Dans ce petit essai sympathique, Véronique Alarie explore les conséquences (au travail, en famille, dans la société) de toujours être dans le care et la gentillesse.
Douces amères
Véronique Alarie
Québec Amérique (lien affilié)
Nos accomplissements
On continue, chaque mois, de se choquer sur un ton semi-léger dans le Journal Métro. Ce mois-ci, on s'interroge sur ce modèle de masculinisme toxique et d'incapacité à boutonner une chemise su'l sens du monde, Andrew Tate.
À lire dans le Journal Métro
Curation de contenu
Björk lance un nouvel album, mais elle lance aussi une série de podcasts où elle revisite chacun de ses précédents albums, en compagnie d'un collaborateur. On n'a pas encore eu le temps de l'écouter (l'album non plus), mais le balado est téléchargé dans notre iPod déjà.
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Un show de six heures avec un lineup incroyable, c'est ainsi que les Foo Fighters ont souligné le décès de leur batteur, Taylor Hawkins. Le mottons t'pogne une couple de fois, c'est à la fois grandiose et bizarrement intime comme prestation.
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Jesus, etc. est probablement la chanson la plus connue de Wilco (genre si vous connaissez pas le band, vous avez probablement déjà entendu l'air, surtout si vous fréquentez des cafés de troisième vague), et ce duo live avec Japanese Breakfast (que Caro adore) est parfaitement doux et automnal.
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On n'a pas encore lu le dernier Virginie Despentes (on sait pas si on va le lire), mais cet extrait lu par Laure Calamy (qu'on a vue dans Dix pour cent) est fort, très fort. Laure pourrait nous lire un menu de Normandin que ce serait puissant, cela dit.
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Si vous êtes comme nous, passionné.es par la justice sociale et un peu trop idéalistes la plupart du temps, ça se peut que vous feeliez brûlé.e des fois. Pis c'est normal, surtout avec les trois dernières années. Cette chronique d'une psychologue dans le Washington Post donne de bons trucs pour éviter la «fatigue de l'espoir».
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Saviez-vous que Marilyn Monroe a eu un rôle décisif dans la carrière d'Ella Fitzgerald? Leur amitié peu commune est une belle histoire de sororité et d'allyship dans un contexte de combat pour les droits civiques.
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Si vous utilisez un carré de papier de toilette comme signet, vous êtes ordinaire. Si vous utilisez une barre tendre ou un perce-oreille, là on jase. La Presse fait le tour des objets trouvés dans des livres de bibliothèque et certains sont... surprenants.
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Farah Alibay, ingénieure en aérospatiale et overall personne formidable, est un solide crush intellectuel pour nous. Sa bio, qui sortait le 28 septembre, est sur notre PAL. Cette entrevue (trop courte) dans le ELLE Québec vous donne un avant-goût de ce qu'elle y raconte sur son parcours de femme en STEM.
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Lectures en vrac : on aime se la couler crissement douce à l'automne, avec des livres légers mais bien faits, comme Le murder club du jeudi (oui c'est évidemment traduit en France), un roman policier où les détectives sont des amateurs de plus de 80 ans dans une maison de ti-vieux; On écoutait MusiquePlus, un roman pour ados marqué par la musique de notre adolescence; Les strates, nouvelle BD autobiographique de Pénélope Bagieu (Les Culottées); tous les Emily Henry en anglais (seul Beach Read a été traduit), parce que c'est de la comédie romantique pour bibliophiles; Génération Canal Famille, soit 300 pages pour se rappeler que la tévé était meilleure quand on avait 8 ans, le tout préfacé par La Face D'Élyse; et, pour l'Halloween, on met sur la PAL Ta mère est une sorcière.
Enweille venge-toé
Apparemment que les seules personnes qui ont vraiment détesté Do Revenge, selon Rotten Tomatoes, c'est des vieux dudes critiques de cinéma depuis 1896.
Si votre adolescence ne date pas de la guerre de Sécession et si 1) vous avez grandi pendant la période glorieuse des films d'ados des années 1990, ou 2) vous avez été socialisé·e comme femme, vous risquez d'avoir ben du fun léger à regarder cette comédie un peu dark avec un parti résolument féministe. C'est rempli de clins d'oeil aux classiques du genre (Clueless, bien sûr; Cruel Intentions; Election), c'est joli à regarder et la trame sonore oscille entre vieux succès Big Shiny Tunes et 2022. Pourquoi bouder son plaisir?