Axe est rendu woke!
Pendant des années, le département marketing des produits Axe a vendu son produit comme s'il était fait à base d'un mélange de phéromones et de drogue du viol. Chaque publicité suivait le même scénario : un dude se sprayait de l'Axe sur le bodé, avant d'être pris d'assaut par une horde de femmes aussi émoustillées que s'il avait expliqué clairement le concept de féminisme intersectionnel en créditant Kimberlé W. Crenshaw.
«Vaporise plus, pogne plus», disaient même les publicités en 2007, encourageant les jeunes hommes à devenir l'équivalent humain et testostéroné de l'entrée du La Baie avec les comptoirs de parfums, pour séduire des femmes comme un chasseur qui se trempe dans le pipi de madame orignal. La marque se positionnait ainsi en véritable remède pour sortir les incels de leur vie misérable, à coups de poush poush assez puissant pour brûler les parois de nez de n’importe quelle femme se trouvant accidentellement et involontairement dans un rayon de 25 mètres. On a connu des ordonnances restrictives moins efficaces que ça.
Comment décrirait-on l'odeur typique du Axe? Quand on ferme les yeux et qu'on s'imagine sniffer Andrew Tate (ne faite pas l'exercice si vous tenez à pouvoir dormir un jour), on imagine qu'il sent le Axe. Pis le gros cigare dégueulasse. Pis l'arrogance. Pis l’exploitation de mineures. Mais surtout le Axe.
Mais les pubs sexuellement explicites, âgistes, casually racistes avec plein de sous-entendus grossiers, c'était avant. Parce qu'aujourd'hui, Axe a changé. Axe est rendu woke!
Notre marque est axée sur l’attraction. Elle l’a toujours été, et cela ne changera pas. Mais avec le temps, on change. Et tout comme la définition de la masculinité a été élargie et changé, la marque aussi a changé. On sait qu’on n’a pas toujours bien fait les choses dans le passé, mais on essaie maintenant d’aller de l’avant. C’est assez simple : on croit à l’inclusivité, à la mutualité et au progrès. En matière d’attraction, et tout le reste. Alors qu’on était prêt à rigoler de bien des choses, c’est maintenant un sujet qu’on prend très au sérieux.
Désormais, Axe n’entend plus à rire avec le racisme et les blagues de fofies, ah ça non! Sur le site, on voit toutes sortes de jeunes hommes branchés fiers de leurs origines : cheveux tressés, afro, coupe Longueuil (osez dire après que les Blancs n’ont pas de culture!). Certains ont même l’air de se toucher sans crier «no homo». Si c’est pas ça le progrès!
C'est dans ce contexte de grande wokisation à deux pouces d’inclure un point médian dans le nom de la marque que nous avons vu apparaître sur les étagères la fragrance «Sneakers & Cookies», ou en francais : «Beaux ti-running chouzes et beuscuits».
Avoir su que ça se faisait, ce genre de fusion, on aurait proposé des idées à Axe il y a longtemps! Nous aussi, on est capables de blender un couvre-pied et un dessert. Checkez ça :
Bottes de ski et scones
Pantoufles en phentex et pet de soeur
Chaussons de ballet et chausson McDo aux pommes
Gougounes et gros biscuit à l'avoine que le tour est croustillant et le milieu limite pas cuit qu'on achetait à la cafétéria du cégep
Rollerblades et tarte à la farlouche
Espadrilles à crampons et sucre à la crème
Bottes de cowboy et carré aux dattes
Mocassins achetés par un Français dans une boutique du Vieux-Québec et pouding chômeur du coup
Souliers propres et tiramisu
Sabots de bois et tranche de pain trempée dans m’lasse
Appelez-nous, Axe!
L’explication de la compagnie derrière ce concept de mariage de parfums pour le moins perplexifiant est, disons, créative : «Nous avons combiné deux de tes choses préférées pour créer cette fusion inattendue de fragrances.» Deux de nos choses préférées?
J’aurais bien aimé sentir «Chute du patriarcat et cupcakes».
– Caroline, qui porte actuellement «Lassitude et crème glacée à même le pot»
Les deux seules choses qu’Axe a réussi à combiner avec succès, c’est «Produit bizarre dans une allée de pharmacie et date de tombée d’un texte de Vas-tu finir». C’est pourquoi, après ce long préambule, nous sommes prêt.es à empester le guédaillon pour la science et le rire.
Tounu.es dans’ douche!
[Pour voir des photos de nous à poil sous l’eau, riant et faisant des oeillades coquines à la caméra, le torse plein de mousse odorante, c’est sur notre OnlyFans que ça se passe. Pour ne voir aucune photo de nous mais financer notre petit bubu qui sert à nous savonner et qui commence à être tout décrissé, c’est sur notre Patreon.]
Afin de vivre une expérience plus authentique, on a blasté Imagine Dragons dans nos speakers de Google Home de salle de bain pendant qu’on se savonnait allègrement le tsour et le tour de ce qu’il y avait à laver. Ayant été assignée femme à la naissance, Caroline s’est assurée de bien s’frotter à la hauteur des ovaires, pour simuler un lavage de pochon en profondeur.
On ne sait pas trop à quoi on s'attendait comme apparence. Blanc cuir, avec des petits grains beige biscuit dedans? En tout cas, on ne s'attendait pas à une gelée bleue comme pour une échographie à l’hôpital.
Je sens bon ET j’ai pu vérifier que je n’avais aucune pierre aux reins!
– Mathieu
Les yeux qui piquent parce qu’on s’est mis un doigt dans l’oeil en essayant de changer de playlist pour du Claude Bégin, on n’arrive pas à distinguer si les murs de la douche sont couverts de vapeur d’eau chaude ou de particules parfumées maintenues en suspension dans l’atmosphère par la simple force brute de leur audace masculine. Dire «ça sent fort» nous semble une évidence, un peu comme «la guerre c’est pas bien» ou «on a encore besoin du féminisme en 2023».
Et nous voilà prêt.es à prendre le transport en commun et à séduire des inconnu.es avec notre bouquet corporel!
Est-ce que ça sent vraiment le biscuit pis le ti-soulier neuf? Beeeeeeeeeeeeeen… on vous dit ça après la pause.
Approchez et sniffez nos aisselles
Ça sens-tu la godasse et la récompense de si tu manges tous tes brocolis? Hum… peut-être? Un peu? On aurait pas pu deviner ça à l'aveugle, mais maintenant qu'on sait ce que ça veut être, on peut peut-être le sentir un peu… mais ça sent surtout le savon.
C'est surprenant que l'arôme du biscuit ne soit pas plus présent, puisque la liste d'ingrédients se lit pratiquement comme la recette de biscuits de notre grand-mère : Water (Eau), Sodium C12-13 Pareth Sulfate, Cocamidopropyl Betaine, Sodium Chloride, Fragrance (Parfum), Sodium Benzoate, Citric Acid, Tetrasodium EDTA, PPG-9, Blue 1 (CI 42090), Yellow 5 (CI 19140).
Grand-maman Berthe mettait souvent deux fois plus de Tetrasodium EDTA que ce qui était écrit dans la recette. Était folle de même. «Le secret de mes biscuits», qu'elle disait, «c'est beaucoup d'amour… pis un peu de Cocamidopropyl!».
On a jamais su sa recette de sneakers, par contre. Elle l'a emportée dans sa tombe.
Si le Axe en spray des années 2000 («Cool ocean», «Ice Chill» et autres «Odeur de quand fa frette» et «Dépêchez-vous avant que le niveau des océans monte» typique de personnes se crissant de la couche d’ozone) visait à attirer la femme qui fait la file devant un club sur Saint-Laurent avec pas de manteau pour sauver sur le vestiaire en janvier, il est clair qu'on vise un autre public avec Sneakers et cookies.
Sneakers et cookies, c'est le genre de fragrance qui est plus en mesure de titiller celui ou celle qui se tient au skatepark (savoir faire du skate est optionnel). D'ailleurs, Axe a aussi un déo à tsour de bras qui sent la rose et le skateboard.
Il est clair qu'un jeune homme créatif qui utiliserait les deux produits pour créer un super combo sneakers-biscuits-rose-skateboard serait en mesure de séduire une chanteuse adolescente canadienne avec une cravate pis une calotte sul’ côté circa 2002.
C’tait un skéteux
‘Était full chicks
Can I make it any more obvious?
Y sentait le Axe
‘Avait un nez
What more can I say?
– Mois d’Avril Lavigne