Eille Jude! Na na na na les Beatles (et on vous annonce de quoi)
Si vous partez la toune au début du texte, elle va être presque à moitié quand vous allez avoir fini de le lire.
Il y a quelques mois, nous vous proposions une plongée en profondeur dans un classique de la musique qui, à l’instar de la Symphonie no 5 de Beethoven, a le chiffre 5 dans son titre : Mambo no. 5.
HAAA! LES TROMPETTES!
— Mathieu, toujours en choc post-traumatique
Pour ce deuxième volet de notre série Vas-tu finir ta toune, nous nous attaquons à une chanson qui performe pas pire dans le rayon du «ça se sifflote quand même assez bien pendant que t’attends que l’autobus arrive» :
Hey Jude, par les The Beatles
Bien des gens voient les The Beatles simplement comme «le groupe qui faisait des covers en anglais des Baronets». Or, c’est peu connu, mais les quatre Anglais ont eu une assez belle carrière, jalonnée par des albums classiques tels que Chère Jeanne Pèpeur, Les tite bises et Revolver.
Parmi leurs nombreux hits on compte Yellow Submarine, Love Me Do et Aux portes du matin (que John Lennon chantait immanquablement à chaque soirée karaoké), mais Hey Jude est assurément leur plus long succès. Dans le sens que c’est un succès depuis 57 ans, mais aussi dans le sens que crisse que c’est une longue toune.
Comment expliquer l’attrait qu’exerce ce morceau sur nos oreilles (principalement, mais pas que)? Était-ce parce qu’il n’y avait rien de meilleur à la radio le 26 août 1968 et quatre jours plus tard en Angleterre que cet air a pogné autant? Pourquoi est-on encore pogné avec aujourd’hui? Y a-t-il un message caché dans les paroles vraiment obvious de Paul? Est-ce qu’un des figurants du vidéoclip est encore en train de fredonner des nanana dans un asile psychiatrique aujourd’hui?
Ce texte vise à répondre à aucune de ces questions.
Enweille, Judy Richards, ça part!
Premier couplet
Hey, Jude, don’t make it bad
Take a sad song and make it better
C’est une bonne idée, ça : prendre une chanson triste et la rendre meilleure.
C’est aussi exactement le contraire de ce que Paul a fait avec Maxwell’s Silver Hammer, une chanson joyeuse qu’il a transformée en tas de fumier insupportable. Une chanson joyeuse sur un tueur en série, mais tsé, joyeuse pareille.
Quelques chansons tristes qu’on pourrait rendre meilleures :
Nothing Compares 2 U : Pourquoi parler de son amant incomparable? Sinéad parlait de comparer les prix au Maxi et d’économiser! C’pour ça le 2 dans le titre.
Hallelujah : suffit de l’écouter avec la voix de Jon Bon Jovi pis ooooooooooh, on est halfway there!
Ooooooh-oh!
On est en train de living on a préyeurre!
— Caroline, qui est déjà en train de take my hand pour make it I swère
Hurt (la version de Johnny Cash) : I hurt myself today le p’tit orteil sur un coin de la table du salon en me levant pour aller chercher ma livraison de poulet, et j’ai pas besoin de focus on the pain, parce que the only thing that’s real est le parfum de la sauce barbecue du Benny.
Bon, quossé qu’y dit après, ti Paulo?
Remember to let her into your heart
Then you can start to make it better
Oh fallait commencer par la faire rentrer dans notre coeur, c’était ça la première étape. Bon mettons qu’on dit qu’on l’a fait, là, comme quand on assure à l’hygiéniste qu’on passe la soie dentaire régulièrement, on peut-tu passer au prochain couplet?
Deuxième couplet (wow ça avance vite!)
Hey, Jude, don’t be afraid
OK, lô, Jude, pogne pô la chienne
You were made to go out and get her
T’as été fait pour sortir pis la pogner
(Pogner quoi? Pogner la chienne? La scarlatine? La toune? Pogner de quoi sur la bolle pas propre des toilettes de The Cavern?)
The minute you let her under your skin
Then you begin to make it better
À minute que tu la laisses sous ta peau, comme genre les araignées en Australie qui te piquent et pondent en d’sour de ton épiderme, tu vas commencer à faire ça mieux.
C’est vraiment un message limpide et positif. On n’est même pas rendu·es au refrain qu’on se sent déjà mieux dans notre cœur, notre peau et peut-être éventuellement un autre organe qu’il n’a pas encore nommé.
Et c’est le temps du… refrain! (Ataboy!)
And anytime you feel the pain, hey, Jude, refrain
Et toutes les fois que ça sent le pain, hey Jude, c’est le refrain
Un refrain qui sent le pain! On reconnaît là le génie de McCartney, couramment surnommé par personne «le boulanger de la pop».
Don’t carry the world upon your shoulders
Ne porte pas le monde sur tes épaules
Force avec les jambes
Surprise! À mi-refrain, ça devient une chanson qui donne des trucs de déménagement. Prends ton bord, Ringo, pis mets les straps, George, on sort le frigo!
For well you know that it’s a fool who plays it cool
By making his world a little colder
Tu vois ben que c’est un fou qui joue ça coucou
En rendant son monde un peu plus frette
Paul est sans équivoque : nier les changements climatiques, c’est débile.
Et pour clore ce refrain qui est passé de la boulangerie au Clan Panneton puis à la science, Paul y va d’un très simple…
Na-na-naaaa-na-na, na-na-naaaaa
Qu’on pourrait traduire, grossièrement, par «Na-na-naaaa-na-na, na-na-naaaaa (mais dit avec un accent du Saguenay)».
C’est un moment cool. On aime ça. On espère qu’ils ne vont pas ambitionner sur le pain béni, comme on dit.
Troisième couplet, on y est presque
Hey, Jude, don’t let me down
Ploguer une autre chanson des The Beatles? Pourquoi pas!
Il a fallu quelques essais à Paul avant de trouver les bonnes paroles. Celui-ci a d’abord chanté «Hey Jude, I Want to Hold Your Hand», mais c’était bizarre, puis «Hey Jude, Everybody’s Got Something to Hide Except Me and My Monkey», pis c’était encore plus bizarre.
You have found her, now go and get her
(Let it out and let it in)
Remember (hey, Jude) to let her into your heart
Then you can start to make it better
Tu l’as trouvée, va la chercher
Blablabla
Ouvrir son cœur pis toute
Et ça va aller mieux nia nia nia
On va être honnêtes : c’est pas mal du remplissage ce couplet-là. Mais on écrit pas sept minutes de chanson sans ajouter un peu de filler à travers.
Lâchez pas, c’est le bridge
So let it out and let it in, hey, Jude, begin
Exactement comme un chien qui a envie de pisser mais qui trouve qu’il fait frette dehors, sors-le, rentre-le, hey Jude, commence (à te brancher)
You’re waiting for someone to perform with
C’tait pas tant à l’heure durant les pratiques des Fab Four, c’pour ça que Ringo avait le temps de lire les nouvelles économiques pis l’actualité internationale le temps que les gens se pointent
And don’t you know that it’s just you, hey, Jude, you’ll do
Mais heille tu l’sais que c’est juste toé, Jude, tu l’fais
(À prononcer comme une rime de Kevin Parent)
The movement you need is on your shoulder
Notre chiro nous a montré des exercices pour libérer la tension dans notre épaule créée par le stress et les mouvements répétitifs à l’ordinateur
Na-na-na-na-na, na-na-na-na, yeah
Calmez-vous, on n’est pas encore rendu·es aux vrais, c’est comme juste des tapas de nanana, pour nous allécher mais pas pour remplir notre estomac
Quatrième couplet, et oui on est juste à 2 minutes 38
Hey, Jude, don’t make it bad
Allez hop ti pit, chie-nous pas d’in mains
Take a sad song and make it better
Remember to let her under your skin
Bon ça commence à virer en rond son affaire, quand est-ce qu’on se met à nananaer?
Then you’ll begin to make it
Ohhhhhh on est sul’ bord on est sul’ bord…
Better, better, better, better, better, better, oh
Mieux, mieuxmieuxmieuxmieuxmieux OUAH! ÇA PART, GANG!
C’est icitte que le fun commence
Na-na-na-na-na-na-na, na-na-na-na, hey, Jude
Donnez pas toutte au premier nanana, on va n’avoir pour un ti boutte encore, mais déjà, on sent la fébrilité nous gagner
(Yeah, yeah-yeah-yeah-yeah-yeah-yeah)
(oui, oui-oui-yessir-mets-en-ça-roule-10-4)
Na-na-na-na-na-na-na, na-na-na-na, hey, Jude
C’est le fun pareil, ce p’tit sentiment là de faire partie de quelque chose de plus grand que soi
Na-na-na-na-na-na-na, na-na-na-na, hey, Jude
Quand tout le monde chante le même air pis qu’on connecte
Na-na-na-na-na-na-na, na-na-na-na, hey, Jude
C’est tout simple mais on sent qu’on est lié·es par-delà les mots et la mélodie
Na-na-na-na-na-na-na, na-na-na-na, hey, Jude
Hé qu’on a du plaisir à chanter ensemble, han Jude?
(Jude, Judy, Judy, Judy, Judy, Judy, ow-wow)
(Paul l’appelait pour qu’y vienne souper)
Na-na-na-na-na-na-na (Na-na-na), na-na-na-na, hey, Jude
(Jude, Jude, Jude, Jude, Jude)
On s’parle pas assez souvent, messemble
Na-na-na-na-na-na-na (Yeah, yeah, yeah)
na-na-na-na, hey, Jude
Na na na, comme on dit, mais aussi yeah yeah yeah. Et hey Jude, évidemment.
Na-na (Don’t make it bad, Jude) na-na-na-na-na
(Take a sad song and make it better), na-na-na-na, hey, Jude
Trompez-vous pas, là : c’est pas le nananana qui finit avec «BATMAAAAN», c’est celui qui finit avec «Hey Jude»
Hey, Jude, hey, Jude wow
Wow, certain!
Na-na-na-na-na-na-na, na-na-na-na, hey, Jude
Et là, pour bien comprendre toute l’importance de ce qui se passe ici, ça prend les sous-titres dans la version filmée, parce que c’est à la fois subtil et extrêmement crucial comme moment :
Alors si vous étiez pas déjà en train d’applaudir, on ne sait pas trop ce que vous pouviez bien faire de vos mains depuis tout ce temps (où étaient-elles?), mais là déguedinez, parce qu’il faut que ces applaudissements-là soient en train de s’intensifier, comprends-tu, faque embrayez la deuxième vitesse des deux mains ensemble pis grouille
Na-na-na-na-na-na-na, na-na-na-na, hey, Jude
Jude, Jude, Jude, Jude, Jude, Jude
Clap clap clap clap clap!
Na-na-na-na-na-na-na, na-na-na-na, hey, Jude
Pis heu… c’est pas mal ça, là
(Na-na-na-na-na-na-na-na-na-na-na-na)
Le Canadien va-tu faire les séries c’t’année?
Na-na-na-na-na-na-na, na-na-na-na, hey, Jude
Han han
Na-na-na-na-na-na-na, na-na-na-na, hey, Jude
Hey, on peut-tu profiter du moment pour vous montrer quelque chose de ben excitant?
Na-na-na-na-na-na-na (Make it, Jude), na-na-na-na, hey, Jude
(Yeah-yeah-yeah-yeah, yeah, yeah, yeah)
Yeah! On savait que vous seriez partant·es
Vous êtes vraiment un lectorat fantastique
Et on espère que vous êtes aussi un lectorat avec de jeunes enfants.
Na-na-na-na-na-na-na, na-na-na-na, hey, Jude
(Go listen to ya ma-ma-ma-ma-ma-ma-ma-ma)
Checkez ça!
On a écrit un livre jeunesse, qui est illustré par Lulune. Dis allô à nos lecteurs, Lulune!
Allô!
— Lulune
Et maintenant dis :
Na-na-na-na-na-na-na, na-na-na-na, hey, Jude
Na-na-na-na-na-na-na, na-na-na-na, hey, Jude
— Lulune
Fais pas ton Paul, c’est l’histoire de Paul, qui fait partie d’un groupe de musique qui s’appelle Les Bestioles avec ses trois amis : Jeanne, Jorge et Bingo.
Paul a 8 ans, et il a aussi de bonnes idées, les meilleures idées selon lui. Qu’arrive-t-il quand Paul n’en fait qu’à sa tête? L’avenir du plus grand groupe de musique de tous les temps est compromis...
Ça se pourrait-y que ce livre s’inspire de l’univers d’un autre quatuor bien connu qui commence aussi par B et finit par -les?
Oui. Oui ça se pourrait. Et si vous avez réussi à passer à travers les 37 heures de Get Back, vous reconnaîtrez peut-être quelques points communs entre notre histoire (un Paul un peu gossant qui veut qu’on fasse tout comme lui veut) et des bouts du documentaire (où on voit un Paul un peu gossant qui veut qu’on fasse tout comme lui veut).
Na-na-na-na-na-na-na, na-na-na-na, hey, Jude
Na na na, c’est en librairie le 26 mars, et hey Jude qu’on a hâte!
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[pendant que les derniers échos résonnent, précommandez notre livre chez Les libraires.]
Tu veux encore plus de jokes sur les quatre garçons dans le vent? On a ce texte pour toi!