Tout le monde aime les hot-dogs. C’est du moins ce que prétend le nouveau livre de Caroline, un beau petit 22 pages qui se lit assez rapidement si on n’est pas le public cible de 0 à 3 ans.
Mon défi Goodreads est déjà rendu à 256 pis on est juste en mars!
— Mathieu, accroupi dans la section tout-petits de sa bibliothèque municipale
Tout le monde aime les hot-dogs, donc. Est-ce vrai? Le seul moyen de le savoir, c’est de demander.
[Les Vas-tu vont à la fenêtre. Ouvrent la fenêtre. Crient «HEY TOUÉ!» à un passant. «T’aimes-tu ça les hot-doy?» lui demandent-ils. Le passant opine de la tête, avant d’accélérer le pas et de poursuivre sa route l’air inquiet.][Ça fait quand même changement de demander si t’es ben dans ton coton ouaté.]
C’EST UNANIME!
Le hot-dog est donc le plat parfait. Ne reste plus qu’à l’améliorer!
Hot-dog : les origines
Le hot-dog a été inventé en 1867, par un certain Charles Feltman, new-yorkais d’origine allemande. La même année, une gang de monsieurs en noir et blanc inventaient, eux, le Canada. C’est le fun, la Confédération, mais c’est tough de mettre du ketchup et de la relish dessus. Le point va donc à Feltman, père fondateur du roteux.
Avant qu’on pense à y mettre une saucisse, le pain avec une fente dedans servait principalement d’étui où ranger sa pelle durant les mois d’hiver. Un jour, Feltman, tanné que la relish, la moutarde et le chou tombent sans arrêt dessur la saucisse qu’il mangeait avec ses mains, pensa combiner les deux, faisant du pain un petit fourreau capable de contenir saucisse et condiments et d’une taille parfaite pour se glisser dans une belle grande poche de costume de monsieur.
Les femmes, elles, n’ont pu manger de hot-dogs légalement que cent ans plus tard, lorsqu’elles ont obtenu le droit d’avoir des poches.
— Caroline, historienne de la mode des robes à poches
Depuis, le hot-dog a eu ses hauts et ses bas, à la fois mets officiel du baseball, et film québécois raté avec un agresseur sexuel dedans.
Roteux : the makeover
Tels des Jean Airoldi du snack à pétates, plaçons le chien chaud dans une steameuse en plexiglas et discutons du comment qu’on pourrait l’améliorer.
Option 1 : jouer avec les garnitures
Au début, tous les condiments ne formaient qu’un seul grand condiment, appelé Pangée. Puis, via ce qu’on appelle la dérive des condiments, ils se sont séparés pour devenir le Ketchup, la Relish (du Sud, Centrale et du Nord), la Moutarde et la Mayo.
Mais pourquoi se contenter de ces seuls classiques?
→ Mettez une généreuse noix de beurre et du sirop, comme la photo sur les boîtes de gaufres Eggo.
→ Sortez le sambal oelek et faites dire à votre mère «Houlà, c’est bien épicé. As-tu mis du poivre coudon?»
→ Si la sauce VH fait des merveilles pour les tites soucisses, imaginez ce qu’elle pourrait faire pour les soucisses format normal!
→ Osez le miso, le bouillon de porc et l’algue nori pour transformer votre roteux en soupe ramen dont on parlera de Saint-Louis-de-Gonzague-du-Cap-Tourmente à Kyoto.
La seule limite est votre imagination, et votre peur de passer pour un weirdo quand vous demandez à la madame du Valentine s’ils ont ça, de la sauce Alfredo et un poème de Nelligan.
Option 2 : jouer avec la forme
Et si le pain, plutôt qu’être en forme de pain, était en forme de genre de petites cordes?
Et si on remplaçait la saucisse par du steak haché?
Et si le ketchup était plutôt de la sauce tomate, la relish du basilic et la moutarde de l’ail?
«Vous venez juste d’inventer le spaghetti», nous direz-vous. Que nenni. On a inventé [en prenant l’accent de Super Mario, les doigts en triangle dans les airs] le hotta doggia !
Option 3 : jouer avec les blocs fondateurs
Un pain. Une saucisse.
Depuis Ding & Dong, Jeanne-Claude et Christo ou Un voile & Une crise d’apoplexie de Bernard Drainville, on n’avait pas vu de duo plus iconique. Mais, comme quand Paul Simon a décidé de devenir seulement «Simon and», les duos sont faits pour être séparés.
Top 5 des choses dans lesquelles on pourrait mettre la saucisse pour remplacer le pain :
Une autre saucisse, plus grosse
Une boulette de steak haché, créant du coup la fusion parfaite du burger et du hot-dog
Ta main
Un ours, comme Leonardo di Caprio dans The Revenant («Le Reviendu»)
Un livre, comme celui de Vas-tu finir ton assiette, ce qui permet de faire l’excellente blague «La culture? J’en mange!»
Top 5 des de ce qu’on pourrait mettre dans le pain à la place de la saucisse :
Un autre pain, plus petit
Une rangée de petites soucisses cocktail enroulées dans le bacon de L’Étape
Ta main, l’hiver (ça te fait une mitaine!)
Le boson de Higgs, si tu vas dans un Belle Province avec un collisionneur de particules
Jennifer Coolidge, couchée sur le côté
Chien-chaud : visions du futur
À lui seul, le hot-dog transcende les classes sociales. C’est toute une mission pour yienque un pain à sous-marin même pas tranché jusqu’au fond et une soucisse Hygrade! Pourtant, on retrouve le roteux en haut comme en bas de l’échelle, pis même à travers. Que tu le paies pas cher au Costco ou que tu décides de le recouvrir de foie gras, de lamelles de truffe noire, de caviar pis de boeuf wagyu pis de le servir avec un Dom Pérignon sur le side (ou, pour le même prix, en 2055, avec un verre d’eau de source), tu vas quand même finir par le roter toute la soirée avec satisfaction. On s’étonnera du fait que personne au Québec n’ait encore écrit sur l’éructation transfuge de classe.
Force est de constater que c’est bien vrai : tout le monde aime les hot-dogs.
Dans le monde divisé et divisant qui est le nôtre, c’est là une rareté rare, qu’il faut célébrer. Appelez le cousin que vous avez perdu de vue, l’amie qu’une vieille chicane vous a enlevée ou la tante à qui vous ne parlez plus depuis qu’elle s’est mise à s’intéresser juste un peu trop aux «dangers» des vaccins. Appelez-les et partagez un hot-dog avec elleux. Célébrez l’humanité dans un tout-garni de valeurs universelles, un moutarde-chou d’amour et de solidarité.
Puis, appelez cet oncle qui s’est acheté un cybertruck, écoute Joe Rogan en continu, pense que ça nous prendrait nous aussi quelqu’un qui met «Canada first», rêve d’envoyer les maudits chialeux qui manifestent dans des prisons au Salvador et s’amuse à faire des «saluts romains». Invitez-le à manger un bon hot-dog. Pis quand il se pointe… PUNCHEZ-LE COMME ON PUNCHE LES NAZIS!
Vous avez maintenant deux hot-dogs juste pour vous. Bravo!