Ladies and gentlemen, Mambo cinquième du nom
One… two… three four five, tout le monde dans le char, c’est le temps de la toute première édition de Vas-tu finir ta toune!
S’il y a UNE affaire qu’on aime encore plus que les chips à saveur de caramel et oignon, pis le Kraft Dinner en édition limitée qui allume dans le noir, c’est bien la musique. Et pas mal d’autres affaires, parce que c’est pas dur de trouver de quoi qu’on aime mieux que la bouffe pas rapport qu’on se force à manger pour vous. Mais surtout la musique.
Et en tant que mélomanes (nous, on écoute la version en allemand de 99 Red Balloons parce que la traduction est trop mainstream pour nos oreilles délicates), nous sommes très heureux·ses de finalement mettre à profit toutes ces heures à user nos marteaux, enclumes et étriers. Et pour cette première aventure sur les voies du si bémol et du do bécarre, le shuffle de notre iPod nano a choisi…
Enfilez votre fédora, votre suit blanc cassé que vous allez beurrer de moutarde dans 5 minutes et votre petite moustache mince mince mince, car nous retournons en 1999. Et on arrive juste à temps pour retourner encore plus loin, en 1949.
Car avant Mambo No. 5, il y a eu… Non pas Mambo No. 1 à 4, même si ça aurait été logique, mais plutôt Mambo No. 5.
Techniquement, Lou Bega est un band de cover, comme un Karma Kameleon solo. Pourtant, on vient de l’entendre, son Mambo à lui ressemble pas pintoute à celui de Pèrez Prado. C’est donc plus une adaptation lousse, comme quand Walt Disney prenait un conte allemand où tout le monde meurt à la fin dans d’atroces souffrances parce que la leçon c’est que la vie n’est que douleur et ténèbres, pis en faisait un dessin animé rigolo avec des souris qui dansent et une princesse qui se fait habiller par des ouézos.
Lou Bega, comme l’indique son nom, son style musical et son teint basané, est évidemment né à Munich, dans la Bavière allemande. On présume que sa connexion au mambo et à la musique afro-cubaine lui vient de ses parents, qui sont, évidemment, un père nigérien et une mère italienne. Ha! Mambo italiano, donc.
Ben coudonc. Lou Bega : homme du monde.
Mais aussi, Lou Bega : parolier. Parce que si le cinquième mambo original était un hit de karaoké pour mimes, Bega a sorti la grosse plume, l’encrier, le parchemin et l’absinthe, pour gracier le monde de sa poésie et ajouter des paroles à tout ça.
Ça commence par le fait que les potes de Lou ont comme projet de rouler jusqu’à la SAQ allemande la plus proche (la… Unternehmen da Schnaps Deutschland?) pour aller s’charcher de quoi l’échappper à souère (du gin pis du jus, probablement du Fruité à la pêche).
Lou, lui, annonce que s’il boit trop de bière comme la semaine passée, y’a peur de bander mou (on paraphrase) et en plus, cruiser avec ses mots revient moins cher que de payer des drinks dans le vide. Ça fait juste 36 secondes que la toune est commencée et on se demande déjà si Lou Bega est un soft boï beau parleur ou yienque une date cheap.
The boys say they want some gin and juice
Les boys veulent se souler à la grappa
But I really don’t wanna
Mais ça me tente vraiment pas
Beer bust, like I had last week
Trop de Boréale la semaine passée
I must stay deep, ’cause talk is cheap
M’a juste parler comme un cassé
Ensuite, après avoir callé que la trompette s’en venait (attention! La trompeeeeette!), ben gadonc ça, la trompette s’en vient, et hop au refrain!*
*Et par refrain, on veut dire asti d’sacrament de ver d’oreille dont on sera pas capables de se débarrasser pendant huit jours ouvrables qu’on va passer les deux tiers de nos vacances à fredonner partout pendant que notre famille va vaguement s’inquiéter pour notre santé mentale car qui de normalement constitué et relativement sain d’esprit consacre autant d’espace mental à Lou Bega?
Celleux d’entre vous qui sont nés avant 1999 savent déjà où ça s’en va c’t’affaire-là, mais par principe de clarté et de pédagogie, on va vous expliquer le refrain. Refrain qui est consacré à nommer toutes les madames de qui il prend une petite bit dans sa vie. Y’a donc (on traduit en-dessous, pour les gens pas bilingues des deux langues) :
A little bit of Monica in my life
Un ti peu de Monique dans ma vie
A little bit of Erica by my side
Un ti peu de Chantal su’l bord du lit
A little bit of Rita is all I need
Un ti peu de Rita le lundi
A little bit of Tina is what I see
Un ti peu de Lucie à ’pécerie
A little bit of Sandra in the sun
Un ti peu de Sandra au Club Med
A little bit of Mary all night long
Un ti peu de Cindy jusqu’à minuit
A little bit of Jessica here I am
Un ti peu de Mona me vouélà
A little bit of you makes me your man
Un ti peu de toé me rend monsieur
Faque Lou, comprends-tu, il est sûrement polyamoureux ou, comme on le dit dans le jargon, une slut éthique. Sûrement. On a envie de lui donner le bénéfice du doute, et on se dit que ça doit être un couple ouvert son affaire et que tout le monde est au courant, de Monica à Gertrude (un nom très très sexy en allemand, on présume, qui est dans la version longue de 8 minutes, sortie seulement au Japon). Puis, on se souvient : fuck. Le gars porte un fedora.
Faque… vous… sentez-vous unique, quand Lou vous chante la pomme de même? Ça vous tente-tu de devenir sa madame du mercredi entre 6 pis 8 aux deux semaines? À qui la chance?
Astheure qu’il a fini d’énumérer ses pitounes, Lou nous donne… un cours de danse!
Tout le monde en place pour danser le mambo!
Jump up and down and move it all around
Saute de haut en bas (saute pas de gauche à droite!), et «move it» tout autour. Mover quoi? C’est pas clair. Juste… «it». «Ça». Ta patente, là. Le cossin. L’affaire. Entéka. Bouge-le, arrête de niaiser, y’a une autre instruction qui s’en vient!
Shake your head to the sound
Brasse ta tête en suivant le son. OK, c’est plus clair. Good.
Put your hands on the ground
Mettre nos mains par terre? Voyons, c’tu une danse ou une game de Jean dit?
Take one step left and one step right
Un pas à gauche, pis un pas à droite… en gardant encore nos mains par terre, c’est ça?
One to the front and one to the side
Un pas en avant et un autre pas… à côté? T’es sûr tu voulais pas dire par en arrière? Pis encore avec les mains par terre? C’est le chaos!
Clap your hands once and clap your hands twice
Faque là on peut enlever nos mains de par terre? On a pas le choix si on veut taper des mains une fois pis deux fois. Crisse, Lou! Tes instructions sont claires comme le mode d’instruction d’une affaire achetée sur Temu! À quoi c’est supposé ressembler, ta danse?
And if it looks like this, then you’re doin’ it right
😑
On s’ennuie subitement de la Danse d’Hélène.
C’est fini, la danse
On n’a même pas terminé de pas catcher ce qu’on devait faire sur le dancefloor que Lou arsoud avec la liste chantée de ses supposées conquêtes. Et c’est reparti pour un refrain de trompette sexiste comme les années 1990 en avaient le tour!
[Insérez ici la gang de Rita, Sandra, Ingrid et Babouchka.]
Pis là vous pensiez qu’on allait avoir droit à un autre couplet, peut-être des instructions sur comment gazer ta Volkswagen, quelques vers de Goethe ou un extrait de pièce de Bretch? Ben non, Lou va direct à trois affaires d’une importance capitale :
Caller encore les trompettes (The trumpet!), enweille les trompettes, fouinfouinfouin prouteproute
Nommer le nom de la toune, au cas où tu aurais oublié à mi-chemin
Rire d’une vieille anecdote dont il se souvient subitement mais quand tu vas y demander pourquoi il rit, il va juste te répondre «oh, pour rien» pis c’est vraiment gossant le monde qui font ça.
Trumpet!
Trompette!
The trumpet!
La trompette! (HAAAA! LA TROMPETTE!)
Mambo Number 5!
Le cinquième Mambo de Beethoven, pa pa pa paaaaam
Ha-ha-ha!
Lol
Et après ça… Lou sent encore le besoin de se vanter des filles qu’il a supposément pécho, mais avec juste un peu moins de musique en arrière, pis rendu à ce stade-ci de répétition du refrain, on commence à penser que Lou a l’air d’en beurrer épais sur ses dates Tinder (comme c’était au siècle dernier, disons ses dates Monclasseur). Il a probablement écrit dans son profil qu’il faisait 6 pieds 9, qu’il avait accidentellement mis 22 ans comme âge et ne pouvait plus le changer et qu’il envoyait des photos de sa face juste si tu matchais avec car son travail est très important et secret.
À la toute fin, on apprend finalement pourquoi monsieur Bega fait tout ça.
I do all to
Fall in love with a girl like you
Monseigneur de la Bega, s’il risque le cancer de la peau avec Sandra in the sun et scrappe son rythme circadien avec Mary all night long, c’est pour ultimement tomber en amour avec une fille comme toi. Aoooooon! ❤️
Pour que LUI tombe en amour. Comprends-le bien. Parce que toi, ben, t’as pas trop le choix.
’Cause you can’t run, and you can’t hide
You and me gonna touch the sky
Tu peux pas te sauver, tite fille. Tu peux pas te cacher non plus. Le Lou Bega s’en vient. Lou Bega va être en amour avec toi, pis il va t’amener au ciel… peu importe le moyen.
Shit. C’est venu dark vite c’t’affaire-là. Pis dire que pendant tout ce temps-là, c’est de la maudite trompette (The trumpet!) qu’on avait peur.
Vas-tu finir ta toune?
On va lui donner ça, à Ti-Lou : sa toune, elle sonne. C’est rempli de gros cuivres, le beat est bien produit, c’est accrocheur, ça reste dans la tête, ça donne le sourire. Belle job. Malgré tout, Mambo No. 5 n’est pas la meilleure toune avec Mambo dans le titre, des paroles fucked up pis un peu trop de trompette. Non, ce titre revient au Mambo du décalco. (Couchez les enfants avant de cliquer sur le lien.)
À tout le moins, c’est plus convaincant que ce que Loulou a sorti depuis. Car, voyez-vous, Bega a décidé il y a quelques années que son plan de carrière allait être d’essayer de phagocyter tous les autres one-hit wonders auquel il pourrait penser. C’est pourquoi il a fait un «duo» avec Scatman John intitulé Scatman & Hatman, un remix de la Macarena, une réinterprétation de Bongo Bong de Manu Chao avec un vidéoclip tourné au Biodôme, une version mambo coco loco de Get Down des BSB et un album intitulé A little bit of 80s (OMG! Il a dit «A little bit», comme dans la toune!), où il fait un Lost Fingers de lui-même et offre une série de covers dans son propre style qui se résume à ajouter beaucoup de trompettes.
Bref, oui, on va finir la toune. Mais on va s’en tenir à ça. Et surtout, SURTOUT, on ne va pas aller voir quelles vidéos les gens ont décidé de faire avec sur YouTube Shorts. Nope. Non. Nenni number 5.