Le boutte du boutte (du Drumstick)
Si août est le dimanche de l’été, alors ces grignotines sont le lundi de janvier y fait noir à 16 h des snacks.
[Intérieur, jour. CAROLINE est assise dans une flaque de sueur et elle s’évente avec un rapport du GIEC. MATHIEU entre et, malgré la chaleur, il porte un suspect chapeau de fou du roi avec un clochette sur chaque pointe.]
— Hey Caro!
— Oui, Mathieu?
— De un, merci de dire mon prénom, comme ça tout le monde sait maintenant qui est qui dans ce dialogue.
— Fait plaisir.
— Mais aussi, tsé comment il fait CHAUD en ce moment?
— Han han…
— Et tu sais comme il fait tellement chaud qu’on pourrait abreuver un petit village de l’Ontario en installant un puits dans le haut de ma craque de fesses?
— Euh… oui. Mettons que je sais ça.
— Et tu sais comme il fait tellement chaud qu’on bat des records de 1944?
— Ah, super. Une autre affaire des années 40 qu’on ramène.
— Faque aimerais-tu te rafraîchir?
— Mets-en! J’ai passé l’après-midi à faire semblant de pas savoir ce que je voulais dans le frigo.
— Veux-tu un Drumstick?
— Oh yeah! C’est super bon, les Drumstick!
— Ça tombe bien, j’ai un paquet de Drumstick. Un paquet neuf. Bien rempli.
— …
— …
— OK, Mathieu, c’est quoi la pogne?
Quand arrive l’été et qu’il y a une trop longue file à la crémerie du coin, c’est direction : le dépanneur.
Dans le petit congélateur, on tasse les popsicles, on écarte les barres Haggen Daäszts (Ha, Gen Daas? Ah, guennedasse!) et à travers le givre et le frimas, on trouve le bon vieux Drumstick.
Au sommet d’un cône de gaufrette sucrée trône une sphère de chocolat et de noix, recouvrant de la rafraîchissante crème glacée. Selon la saveur, se trouve peut-être au centre un peu de caramel ou de confiture de fraises. Le chocolat est un peu cheap, la crème glacée a un feeling que c’est sûrement pas vraiment de la crème, potentiellement pas de la glacée non plus mais plutôt un dessert laitier glacé whatever que ça veut dire, et la gaufrette n’est plus ce qu’elle était dans le temps qu’on était jeune et que tout était meilleur, mais le tout a l’air d’un gros micro, alors tu peux te lancer dans une prestation endiablée du succès de l’été, qui est… heu… Pool de Samia?
Fun! Estival! Titre thématique! Rafraîchissant!
Les plus drumstickophiles d’entre vous auront remarqué qu’on a oublié quelque chose dans notre description. Non, ce n’est pas l’enrobage au chocolat qui fond et coule sur le bord et vient te coller les doigts même si tu as fait super attention et que là t’es pogné·e avec une trace brune sur deux doigts mais que t’as pas de napkin pour essuyer ça. Ça se passe plutôt au bout du cornet, quand tu penses avoir terminé et que… hein? Quossé? Que pasa? Que diantre sentez-vous entre vos dents ébahies? Surprise! Vous n’avez pas la berlue (et si vous l’avez, félicitations pour votre maladie que personne n’a eue depuis l’an 1384), il y avait bel et bien du chocolat dur dans la pointe du cornet!
Qu’ils sont coquins, les cuistots de Nestlé! Ils veulent qu’on s’amuse jusqu’à la toute fin.
Bref, un Drumstick, c’est vraiment le fun.
10/10, le Drumstick.
Neuf dentistes sur dix approuvent le Drumstick, et dix-neuf médecins sur vingt-trois et demi le recommandent à leurs patient·es.
Deux thumbs up pour le Drumstick, vous pouvez nous citer sur la boîte.
«⭐⭐⭐⭐⭐»
— Caroline et Mathieu, Vastufinir.ca
Si tu regardes dans le TV Hebdo, tu vas voir que Drumstick a une cote de (1) parce que c’est le Citizen Kane de la friandise glacée, le Karmina du cornet.
[La foule en liesse se lève pour applaudir l’existence du Drumstick. Celui-ci, ému, pose la main sur le coeur et laisse une larme de crème couler sur sa joue gauffrée.]
Sauf que c’est pas de ça qu’on parle aujourd’hui. Aujourd’hui, on goûte les «Cornets chocolatés noirs» Drumsticks Bites Bouchées.
Quossé c’est? Les Drumstick Bites Bouchées, c’est juste le ti-boutte du Drumstick original avec le chocolat dedans. Température pièce. «Tablette», comme on dit. Pour plus cher qu’un paquet de quatre Drumsticks, pour presque sept beaux dollars, Nestlé vous vend le Drumstick ayant le moins drumstické de toute l’histoire du Drumstick.
C’est pas un Drumstick. C’est au mieux… un Tamtamstick. Un Congastick. Un Djembéstick?
Imaginez la scène : sur la chaîne de production des Drumsticks, à la toute fin lorsqu’il est rendu à mettre le cornet dans l’emballage en plastique conçu pour que t’ouvres toujours le mauvais bord en premier en échappant des pinottes à terre, un employé qui n’a pas eu de break pipi depuis 1998 s’affaire plutôt à couper le bout du Drumstick avec une mini guillotine et à le glisser dans un sac avant de l’étiqueter 6,99$. Le reste du cornet, avec sa boule choco-arachidée décapitée, roule dans un panier d’osier façon Marie-Antoinette (juste le haut).
Dix idées de produits qu’on aimerait pitcher à un conglomérat alimentaire mondial
Si vous avez des plogues chez Nestlé, Mondelez, Unilever, Saputo ou même auprès de votre cousine dans les Laurentides qui fait sa propre boisson gazeuse en infusant des champignons avec du thé du Labrador qu’elle vend au marché fermier les dimanches, faites-nous signe! On vous donnera 0,23 % de tous les profits que nous ne ferons pas.
Michelina’s Bites™ : pieds de brocoli Alfredo et coins de fettucine trop cuits.
Clémentine Bites® : yienque les petits filaments blancs dans le milieu. (Certains sacs peuvent aussi contenir des pépins.)
Bagel Bites Bites© : les petits restants de cubes de soucisses décongelés dans le fond du plateau.
Bâtonnets de mozzarella Bites℗ : le sac de sauce marinana.
Mélange du randonneur Bites™ : les raisins golden.
Pain blanc Gadoua sandwich club Bites® : quand la croûte est pas bien tranchée et que t’as juste un bout de croûte mince sans aucune mie.
Ketchup aux fruits Bites℠ : ketchup aux fruits.
N’importe quel plat présenté aux Chefs! cette année© : all stars, all micropousses.
Beatles BitesMD : c’est Ringo. Pis il joue pas du drum, il chante.
Notre livre Bites® : que les trois pages de remerciements où on s’épanche en disant merci à la moitié du Québec. Votre nom est-il dedans? Achetez-le pour le savoir!
C’est le 12 août, en passant…
— Les Vas-tu, super marketing
De la même façon que l’intelligence artificielle est rendue à s’entraîner sur elle-même comme un circle jerk numérique sans fin, l’industrie alimentaire croit innover en nous proposant les mêmes produits, ou les mêmes ti-bouttes de produits, présentés différemment, genre coupés sur le long au lieu de sur le large, dans des portions plus maigres pour le même prix (c’est du snacking! c’est tendance!) ou dans une nouvelle saveur pas nouvelle pour deux cennes qu’on ramène de façon saisonnière pour un temps limité qui revient de plus en souvent pour de quoi qui est supposé être limité. Tout comme le chatbot qui devient très rapidement nazi à la surprise d’absolument personne, on doit être à quelques mois/semaines près de pouvoir manger des pieds de cornet au cornichon à l’aneth, ou des pizzas pochette pumpkin spice, ou encore de la lasagne à la framboise bleue si on continue de laisser les gens qui ont trop d’argent et en veulent encore plus tripper sur la disruption comme moteur d’innovation sans aucun garde-fou. Et dans ce Grand collisionneur de hadrons qu’est notre estomac collectif, ces saveurs se frapperont de plein fouet, ouvrant du même coup une brèche spatiotemporelle ou créant un trou noir gustatif, avalant notre bon goût, qui se repliera dans un grand plop!
On recommencera alors à zéro, avec juste les chips nature dans une boîte en fer blanc et des biscuits thé social, comme au commencement de la grignotine.
Criff qu’on a hâte.
Une chance qu'il y a les vas-tu (et la défaite de Duhaime dans Arthabaska) pour nous remonter le moral, rendu inversement proportionnel de la température, entre Gaza et le moron orange (et en plus, j'ai trouvé des monstrueuses chenilles sphynx dans mes tomates).
Haha merci pour les gloussements générés par cette lecture