Les Chefs 2025 : magret will go on
[Épisode 2] Quel aspirant-chef coulera à pic ce soir, pour être retrouvé 90 ans plus tard par James Cameron en sous-marin?
«Êtes-vous prêts à tout?» demande Colombe la coach à ses coaché·es, en ouverture d’émission.
C’est parce que Les Chefs, c’est comme la vraie vie : on ne sait jamais ce qui va arriver quand on travaille dans un resto. Est-ce qu’un des fours va lâcher? Est-ce qu’un des sous-chefs va caller malade? Est-ce qu’en passant la porte de la cuisine tu vas traverser un portail spatio-temporel qui va te transporter plus d’un siècle dans le passé, au milieu de l’océan? C’est vraiment imprévisible, la vie de cuistot·te.
En entrant dans la cuisine, la chef-patrouille est surprise par une thématique maritime digne d’un resto de fruits de mer de région qui a pogné des bouées et du cordage dans une vente de liquidation d’un magasin de chasse et pêche. La décoration de type «croisière où tu vas pogner la gastro» est combinée à une déco de style «l’assassin jouait du Thermomix», alors que plusieurs étagères sont placées derrière du gros tape jaune et noir. Ne manque que la forme de Pasquale, col de polo inclus, tracée à la craie par terre et on serait dans Law and Order: The Chefs.
Le regard perçant de Guillaume, lui, remarque immédiatement… les cuivres. Il y a en effet dans les coulisses de l’émission une fanfare de 28 musiciens, prête à faire entrer Élyse au son des trompettes et des trombones. Pap-pa-pa-paaaaaa!
Tout sourire, la Kate Winslet de l’animation de concours de cuisine au Québec annonce le pourquoi du comment ça que tout est décoré comme dans une garderie qui s’appellerait «Les petits matelots». Il y a 113 ans, le Titanic percutait un iceberg et coulait dans l’océan, entraînant avec lui plus de 1500 personnes qui connurent une des plus effroyables fins possibles, se noyant dans l’eau glaciale de l’Atlantique dans l’obscurité la plus totale alors que leur famille ou une vie meilleure les attendaient en Amérique. Une des pires tragédies maritimes de tous les temps. Un événement réellement tragique… que nous allons aujourd’hui commémorer avec un enlevant concours de cuisine!
Yeaaaah! Titanic! Titanic! Titanic!
— Le grand public, respectueux de la mémoire des disparu·es, mais en délire
Le défi de cette semaine est de préparer le tout dernier menu servi sur le Titanic. Le menu de première classe, évidemment. Parce qu’aucun des juges n’a envie de goûter un bol de gruau au charbon. Mais l’idée de recréer le dernier menu du Titanic n’est que la pointe de l’iceberg de twist! Pour y arriver, les chef·fes n’auront droit qu’à de l’équipement qui existait à l’époque : un réchaud au propane, du matériel en fonte et la grippe espagnole.
Le thermomètre se retrouve interdit, à la surprise de plusieurs. Hé oui! En 1913, il n’y avait pas de thermomètre. Celui-ci n’a été inventé qu’en 1924, par John Thermo et Stephen Meter, deux cuistots britannique ben tannés d’avoir à se tremper le doigt dans l’eau bouillante pour savoir si elle était chaude ou pas.
[Le son d’une flûte sort du néant] Fou dou douuuuuuiii di dlou dou douuuuuu Doui dou douuuuuu
Nous, on se donne droit à quelque chose qui n’existait pas à l’époque (outre Substack, la tévé, le wi-fi, un ordinateur portable que l’écran est tactile, un divan Ikea, des Cheetos à grignoter pendant les annonces et des pétalons de joggings pour être dedans) et on décide d’inviter le cœur de l’océan lui-même dans notre texte : CÉLIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIINE.
Every mardi in my dreams
I see iou, I feeeeeeeeeeeeeeel iou
— Céline, en direct de Végasse
Comme ça ne fait pas partie de l’équipement d’un bateau du début du siècle, ni de la description de tâche du staff sur le plateau, les Thermomix doivent tous être rangés hors d’atteinte par les aspirants-chefs.
Near, faaaaaaaaaaaaaaaaar, wherever you aaaaaaaaaaaaaaaaaaaare, I believe Thermomix does go ooOoOoOoOoooon.
— Céline
Pendant que Céline nous sérénade ça en fond musical, Colombe pointe le timeur remplacé pour l’occasion par une horloge grand-père qu’elle devra remonter aux 15 minutes et une corne de brume, et annonce le début du défi. Ça court dans la pantry!
Ooooooooooooooooooonce more, you ooooooooooooooooooooooooopen the door.
— Céline
Minh, confiant comme un capitaine qui déclare «ben non, pas besoin de se tasser, c’te bateau-là est faite solide», trouve que le défi, c’est «genre, du bonbon». Minh, y’a juste besoin d’un couteau pis d’un feu pour te faire le repas de l’année. On a déjà goûté son excellent plat de couteau à steak sur charbons de bois, et on confirme que c’est ben bon.

Et justement, comme il n’a pas le droit d’utiliser le Thermomix pour hacher sa viande (est-ce que c’est ça que ça fait, un Thermomix? 14 saisons plus tard, on ne pourrait pas le dire, et vous non plus), Minh doit se faire aller les couteaux. Deux à la fois. Chop chop chop chop chop!
Laurence cuisine une quantité de carottes qui rend ça très difficile de contrôler l’instinct animal ancestral de notre cerveau reptilien qui a vraiment envie de faire une joke de roux. Pour aider, on se concentre sur ce que disent les juges :
- J’ai hâte de voir ce qu’elle va faire avec ses juliennes [face vraiment pas certaine].
- Ah, finalement c’est une brunoise!
- J’aurais laissé ça en bâtonnets.
Éclairant!
C’est à ce point-ci que la production décide de rendre l’exercice plus réaliste, en ouvrant tous les robinets d’eau froide et en commençant à faire pencher le studio. D’abord de 5 degrés, puis de 20, et tranquillement comme ça jusqu’à ce que le studio soit carrément à 90 degrés, comme s’il s’enfonçait dans la mer.
La cuisson des canards va bon train, et l’interdiction du thermomètre commence à se faire sentir. Pour savoir si la viande est à point, les concurrent·es utilisent différentes techniques. Guillaume lance son canard contre le mur pour voir s’il va coller. Kevin insère un cure-dent pour voir s’il va en ressortir propre. Emmanuelle mouille son index et le tend dans les airs, pour savoir de quel bord vire l’odeur de canard cuit.
Yohann farcit des courgettes, ce qui fait dire à Élyse que «hummm, ç’a l’air bon». Une phrase qui, selon nos recherches, n’avait encore jamais été prononcée pour parler d’un zucchini.
Alors que le temps commence à presser, Magie promène sa poêle avec le sourire et l’assurance de quelqu’un qui a déjà tué quelqu’un et serait game de recommencer.
Le canard de Ross n’est vraiment pas cuit. Il faut croire que sa technique pour remplacer le thermomètre (mettre sa langue direct sur le morceau de viande) n’était pas la bonne. Il n’est pas le seul, puisque le canard de Kevin saigne plus que le cœur de Rose lorsqu’elle a compris qu’il y avait juste pas assez de place pour deux sur la porte, en tout cas pas si elle voulait pouvoir s’étirer un peu les jambes en attendant les secours.
Le gratin dauphinois de Rémi fait saliver Élyse, qui est une grande fan de la viande de dauphin. Chaque fois qu’Élyse part en voyage dans le sud, capturer un dauphin et le dépecer directement sur la plage avant de s’en faire de gros steaks sur le bbq est au top de sa liste. C’est vrai! Elle nous a dit ça au visionnement de presse. Dans l’équipe, ils l’appellent tous Élyse «dolphin killer» Marquis.
Au moment d’assietter les assiettes, Jean-Christophe commet une erreur assiettesque, en oubliant d’assietter une des assiettes. Immédiatement, la personne à la réalisation s’exclame dans l’oreillette d’un des caméramans : «Fais-moi une shot super tragique de l’assiette vide! Avec un zoom arrière! Je veux qu’on sente toute la solitude de l’assiette. Le vide existentiel au centre de la vie de chaque homme et de chaque femme. Je veux qu’à la maison, les téléspectateurs y voient une métaphore de l’absurdité de notre présence en ce monde. »
Chez les juges, c’est l’angoisse totale. Personne ne veut être celui ou celle qui va devoir manger du vide, faire du «air degustation», mimer qu’y se coupe un morceau de canard. Les plus poètes d’entre nous pourraient y voir un genre de parallèle avec les places insuffisantes dans les radeaux de sauvetage du Titanic. Jean-Luc, lui, ne pense qu’à une seule chose : la sauce qu’il pourrait bien ne pas pouvoir goûter.
Comme dans Il était un petit navire, chanson d’occasion, on a tiré à la courte paille, et c’est Isabelle qui devra se passer de souper.
Intermède musical pour la jugeation
Dans le but de recréer l’ambiance des derniers moments sur le pont supérieur, deux des juges ont sauté à l’eau et ont été remplacés par l’orchestre d’origine, qui avait héroïquement joué jusqu’à ce que le bateau coule complètement, ou jusqu’à ce que quelqu’un en ait son maudit voyage et en pousse les membres à l’eau. (Les témoignages ne concordent pas sur ce point.)
Canard cuit, canard pas assez cuit, canard trop gras, canard pas assez d’gras, manque de sauce, sauce qui matche pas, trop d’éléments dans l’assiette, juste assez d’éléments dans l’assiette, une assiette sans aucun canard ni éléments, assiette confuse, juge confus, on tapote sur le pad et hop! La jugeation est terminée, place aux résultats!
Sauce can touch us one time
And last for a liiiiiiiiiiiiiiifetime
— Céline Boulay
Le top pont supérieur 3 et le bottom of the sea 3
Les aspirants-chefs qui embarqueront ce soir dans un canot de sauvetage sont… Laurence, Ariane et Emmanuelle. Les femmes et les canards d’abord!
Et c’est Ross et Jean-Christophe qui auront à se battre pour une veste de sauvetage au duel.
[Le duel et l’atelier de Colombe sont réservés à nos abonnés. Et 5$, c’est vraiment pas beaucoup pour toutes les bonnes blagues de Jack qui se transforme en popsicle qui s’en viennent!]
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