Les Chefs 2025 : place aux aîné·es!
On a vu les deux premiers épisodes, et on est unanimes : ça joue les mardis, maintenant!
Imagine que ta mère te fait un macaroni gratiné, parce que toute va mal dans le monde et que c’est le plat qui te réconforte. Maintenant, imagine que tu découvres à la première bouchée qu’elle a remplacé le macaroni par du riz brun, les tomates par du cumin et le fromage par le concept de la rupture épistémologique tel qu’établie par le philosophe Gaston Bachelard. Frustrant, non? C’est ce qu’on veut dire par «on ne change pas une formule gagnante».
Dans le passé, Les Chefs ont essayé de changer. On se souvient tous de l’année où ils ont remplacé l’émission par le pas-très-heureux-on-dit-ça-pour-être-poli·es concept de combat des villes. Vous vous souvenez de ça? Pour vrai, là, vous vous en rappelez? Wow, vous devez solidement torcher des kids au jeu de mémoire de Bluey dans un pub ludique.
Bref, chaque année, Radio-Canada est face à deux options :
N’absolument rien changer du tout pantoute et juste mettre la musique stressante plus forte.
Réinventer la roue, le bouton à quatre trous et la tête à Papineau en bousillant une idée parfaite.
À quoi aura-t-on droit cette année ? S’ils ont l’audace de déménager la case horaire du lundi au mardi, doit-on craindre que l’on touche au reste de la perfection (le polo de Pasquale, la bonne humeur de Jean-Luc, le positivisme d’Isabelle, tout ce qu’est Élyse Marquis)?
Vous pouvez ranger, pour un temps, la bouteille de valériane Adrien Gagnon que vous venez de voler au Pharmaprix : on a vu les deux premiers épisodes de la nouvelle saison des Chefs lors du visionnement de presse, pis que c’est la même bonne recette que d’habitude.
Ouf! Voilà une panique ET une intro inutiles!
CHECKLIST!
Élyse est-elle stressée? Élyse est stressée.
Dans le premier épisode, le montage est-il frénétique parce qu’on doit présenter 42 concurrents, 4 juges, 12 commanditaires, 1 défi et 1 duel? Le montage est frénétique.
Entend-on un juge dropper une perle de sagesse du genre «Pour bien faire cuire, il faut faire cuire bien»? On entend.
Tchine-t-on le commanditaire entre le défi et le duel? On tchitchnine.
Y a-t-il de la twist? Assez pour épuiser même Chubby Checker.
Ratoure-t-on? Rrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrratoure à volonté!
Recourt-on à de la musique de film d’action pour accompagner la découpe d’un zucchini? RAPA-pa-PAM-pa-pa-PAM-pa-PAM!
Qu’en est-il de Colombe et de son dicton? Tout vient à point, car le train n’attend pas le nombre des années tant va la cruche à l’eau, mon chum.
Sauce? Sauce.
La formule gagnante est donc encore gagnée cette année. Mais ça ne veut pas dire que tout est pareil pour autant. Non, le air fryer n’a pas encore fait son nid à côté du Thermomix. C’est ben trop dangereux qu’Alexandra Diaz, la moitié parent pressée assortie à la cuisine futée, débarque en grand sur le plateau de Ville Saint-Laurent pour donner sa recette de popsicles au air fryer.
Cette année, l’innovation, c’est que les concurrent·es sont… VIEUX.
À part une prime jeunesse de 26 ans, tous les autres concurrents sont des croulants de 30, 32, 35 ans. Deux d’entre eux ont même passé la quarantaine, et chaque jour les rapproche un peu plus d’un meeting avec saint Pierre (le barbu, pas la Colombe) ou d’une ride de pédalo sur la rivière Styx (le fleuve mythologique des morts, pas le band que ta mère aime beaucoup les slows de).
Après 14 saisons à complexer en voyant des jeunot·tes de 21 ans tourner des artichauts en 15 secondes les yeux fermés pendant qu’on rushe parfois à ouvrir le ficello qui nous sert de dîner, c’est là un véritable vent de fraîcheur!
Et avec l’âge vient, évidemment, les maux de dos inexpliqués et la frustration quand on voit qu’un concert va commencer passé 20 heures. Mais avec l’âge vient aussi l’expérience! Et les candidats de cette année en ont des tonnes. Ce sont des cheffes accomplies, des cuistots avec des restos, des gens qui n’en sont pas à leur premier risotto.
La compétition s’en retrouve d’autant plus relevée et imprévisible, même sans compter les twists et les ratoureries habituelles.
Au premier épisode, par exemple, on célèbre le printemps en demandant un plat «vert». OK, OK. Pas si mal. Ça part tranquille. On met la nappe, comme on le dit dans le jargon des pros. Mais à l’épisode suivant, les concurrents frappent un véritable iceberg de ratoure.
Au deuxième épisode, on leur demande de cuisiner le menu qu’on servait sur le Titanic, mais avant qu’il coule, avec les mêmes méthodes que dans le temps du Titanic : pas de Thermomix, pas de thermomètre (!), pas de truc à sous-vide, tout le monde a de l’eau jusqu’aux genoux et le perdant est abandonné au milieu de l’océan alors qu’il y avait CLAIREMENT de la place sur la porte.
Cette entourloupe arrive juste à temps pour célébrer le 113e anniversaire de la tragédie. (Fuck les chiffres ronds.) Idée pour la saison prochaine : cuisiner le déjeuner qu’a mangé JFK avant de se faire tirer dans sa décapotable, pour le 63e anniversaire de son décès et de la pire facture de nettoyage à sec d’une première dame.
En tant que personnalités des médias qui ont été invitées à titre de personnalités des médias à ce visionnement réservé aux personnalités des médias, on en a appris beaucoup sur ce qui s’en vient cette saison, mais on ne veut pas trop vous en divulgâcher (surtout qu’on veut se faire réinviter l’an prochain). Alors voici une liste à moitié vraie, à moitié inventée mais on vous dit pas quoi, de ce qui nous attend dans la 14e saison des Chefs :
Janette Bertrand
René Lévesque
Un défi pâtes fraîches
Un défi vieilles pâtes chèches
On découvre la cuisine du Mexique
La gang va manger aux 3 Amigos
Un défi d’ingrédients mal-aimés
Un défi 100% gluten
Un chef invité avec une étoile Michelin
Un chef invité avec une étoile et «Bravo pour tes efforts!» dans son cahier
Faque? Est-on excité·es par cette nouvelle saison? Absolument. Ça commence MARDI prochain (pas lundi!), et nous serons au rendez-vous avec un texte. Nous serons également là le mardi d’après. Puis, on va faire un épisode sur deux, histoire de dormir un peu, et finir ça en beauté en couvrant la demi-finale et la finale. Nos textes seront disponibles gratuitement… sauf pour le bout à la fin qui sera réservé à nos abonné·es payant·es, car il faut bien financer notre connexion internet.
Alors Les Chefs, ça commence…