Les roulés suisses reviennent! (Et les cubes d'oignons, mais whatev)
Quand Vachon nous purolatore des roulés suisses et que la Cage aux Sports fait sa Marie-Chantal Toupin dans nos courriels.
C’est pas pour nous vanter, mais nous, on a une adresse courriel. Ouaip. Gmail, pis toutte le kit. Et à cette adresse, on nous envoie des communiqués, comme à de vrais journalistes sérieux qui font des reportages.
L’été étant la saison morte médiatique (c’pas comme s’il se passait quoi que ce soit dans l’actualité, comme mettons au hasard là des feux de forêt ingérables dont on aurait pu amoindrir les ravages eussions-nous-eûtes un peu de prévoyance, un pseudo coup d’État russe déguisé en parade d’agrément ou un premier minissse qui est content que tu ne puisses plus te loger parce que ça veut dire que le Québec est rendu plus riche, même si toi tu feeles plus pauvre), y s’passe pas grand-chose dans le monde du scoop peuplant notre boîte courriel.
À part le fait – prenez-vous une tite camomille pour les nerfs, ça part en grand – que «Nickelback donne le coup d’envoi de sa tournée nord-américaine Get Rollin’ à Québec», que l’Association québécoise pour le droit de mourir dans la dignité trouve que c’est compliqué mourir au fédéral, pis que le légendaire groupe Cypress Hill faisait un show privé à Los Angeles avec des haut-parleurs Bose, trois affaires auxquelles on n’était pas invité·es.
Dans l’ordre, on aurait aimé : aller au show de Cypress Hill, recevoir l’aide médicale à mourir à Rideau Hall, assister au kickoff de tournée de Nickelback (mais en tant que morts).
— Caro et Mathieu, qui sont pas regardants quand c’est gratis
À travers l’abondance de mégaoctets de PDF envoyés en vain se trouvaient toutefois deux perles contenant assez de surprise, d’étonnement et d’ébahissement pour nous tenir éveillé·es toute la nuit. On est cerné·es, mais on est maintenant informé·es!
L’oignon cubique is back, comme D-Natural
Le premier courriel, gracieuseté de La Cage (nom de famille : aux Sports), s’ouvrait sur ce titre délicat :
«LE 14 JUILLET, LA CAGE TE TRAITE AU BLOC D’OIGNONS!»
Pas besoin de crier, Cage. C’est de ton bord que la tévé est au max pour qu’on entende bien la compilation des meilleures bagarres de la LNH narrées par Vincent Damphousse. Ici, c’est ben tranquille.
«Bonjour Mathieu,»
On va vous dire un p’tit secret, ami·es relationnistes : quand vous nous écrivez et que le courriel commence par «Salutations/Bonjour/Hi/Nos hommages/Allo Mathieu», Caro imprime le courriel sur du papier qu’elle fait à la main yienque pour pouvoir physiquement le mettre dans le compost, pis elle le delete de notre Gmail sans qu’aucun de nous deux ne mette d’effort oculaire à lire le reste.
On est deux à écrire ici. Si on est intimes au point où tu nous appelles par notre p’tit nom, tu devrais le savoir.
Le courriel continuait…
«On veut pas sonner dramatique, mais on a peut-être LA plus grosse annonce de l’année. Ou du moins la plus attendue. La plus décadente.»
Oh shit! Guy Jodoin revient à Sucré salé? OMG OMG OMG!
«Le bloc d’oignon fera son grand retour à La Cage. On répète : le bloc d’oignon fera son retour à La Cage!»
Ha. OK.
On répète : Ha.
Pis OK.
Faque bref, The Cage formerly known as Aux sports ramène pour une journée seulement, et tant pis si t’es dans le bois ce jour-là, un plat qu’elle a fait disparaître de son menu en 2012 : le bloc d’oignon.
Si toi, en 2012, tu étais plus occupé·e à te faire dire par la police que «ce rassemblement est illégal dispersez-vous immédiatement» et à encourager ta gang à s’indigner devant Kony 2012 qu’à manger des oignons rubik, ça se peut que tu saches pas quossé c’est. On a vu les photos, pis en gros c’est un cube d’oignons frits.
Il aura fallu la distribution d’une pétition d’un stunt marketing pour que le président des Cages signe enfin l’ordre à tous les line cooks du Kébek de sortir une batch d’oignons en tapon pour les aligner avec un niveau laser pis une équerre, et ce, en vertu de notre droit inaliénable en tant que nation distincte forte dans un Canada uni d’avoir les doigts géométriquement graisseux.
Y’a pas de petites façons de changer le monde.
«Marquez vos agendas, car ce plat tant aimé des québécois reviendra sur le menu de tous les restaurants La Cage pour une journée seulement.»
On a ketchose. On sait pas encore quoi, Cage, mais on est assurément ben booké·es. On a prévu déménager tout l’été pour être sûr·es d’avoir de quoi ce jour-là.
«Prenez pas de chance et réservez.»
Tsé quoi? On va prendre une chance. On feele gamblers. On va pas réserver, pis checkez-nous ben prendre une hypothèque à taux variable pis sortir pas d’parapluie au Festival de jazz. On est game de mêgne.
Le roulé neutre et chocolaté que nous n’attendions plus
Mais des fois, on reçoit des communiqués autrement plus intéressants parce qu’ils nous offrent du manger gratisse. Mais vraiment juste des fois. Pas souvent. [Caro et Mathieu relisent les 15 paragraphes précédents, et réalisent qu’il y a peut-être une raison…]
C’est dommage parce qu’on se sent vraiment très jet set quand une personne en uniforme de Purolator vient cogner cheu nous pour nous remettre en mains propres un ti-sac contenant un mot manuscrit et une pleine boîte neuve de roulés suisses.
Si vous vous dites «Hein? C’était pas disparu de la circulation, ça?» vous êtes fin·e connaisseur·se du patrimoine épicier du Québec.
Parfois, tard le soir, autour du feu qui n’est alors plus que braise, il nous est arrivé d’évoquer avec nostalgie le peu de souvenirs que nous avons gardé du roulé, les chérissant comme on tient au fil ténu de la mémoire nous reliant à nos jeunesses révolues. On ne sait pas quand le roulé suisse s’est éteint (si tu le sais, toi, historien·ne de l’emplette, éclaire-nous de ton savoir), mais ça fait tellement longtemps qu’on se souvient à peine de quoi il a l’air.
Pour vous rafraîchir la mémoire, voici le suisse dans son habitat naturel :
Et le voici portant l’habit traditionnel du roulé :
Ce qui est intéressant quand une compagnie ramène un produit, c’est que c’est toujours «à la demande générale», avec des pétitions pis le peuple qui manifeste devant le siège social en chantant la toune des Cowboys Fringants, en criant «Oussé quié mon oignon cubique?», en scandant des slogans qui riment presque («Manger comme un porc/À la Cage aux Sports» pis «Ah non! Mon oignon!») et en brandissant des pancartes dessinées au crayon feutre comme «Faites des oignons carrés, pas la guerre» ou «Taxer les riches» (sert à tous les contextes, pratique et écolo).
What do we want? ROULÉS! When do we want it? SUISSES!
— Caroline, avec deux tresses et un imper jaune, tous les vendredis devant l’Assemblée nationaleSo-So-So! La pizza McDo c’était so-so!
— Mathieu, qui a déjà eu des revendications plus enthousiastes
Et Vachon n’y échappe pas. C’est un gâteau «iconique» qu’ils nous disent ramener.
Mais si tout le monde tripait dessurre, ton produit, pour quossé faire que tu l’as sorti des étagères? Et si c’est avec une clameur hystérique que le public accueille son retour pis qu’on a dû réanimer Caroline quand elle en a remangé enfin un, comment ça que c’est seulement pour un temps limité? Il s’en va où, le roulé suisse après ça? Il retourne dans La Voûte Vachon, comme les DVD de films de Disney?
Ce qui est également intéressant, c’est que même si les roulés ne sont de retour sur les étagères que depuis 15 minutes, le site de Vachon peut déjà nous offrir cette citation d’une consommatrice satisfaite, mère d’une enfant qui dit des affaires qu’on va classer dans la catégorie «Ces choses qui ne sont jamais arrivées pour 500$, Alex» :
Alors, est-ce que ça goûte «le petit bonheur de la vie», les roulés suisses édition 2023?
Avec le genre de vies qu’on a en 2023, la barre est pas haute haute…
— Pessimiste Mathieu
L’épreuve de nos grandes gueules
Avant de s’en enfiler quatre dans’ yeule avec 175 ml de lait 3,25% comme nous l’aurions fait par le passé, il convient de procéder par étapes :
Admirer les prouesses d’ingénierie de Vachon, le Ant-Man du gâteau, qui a réussi à miniaturiser deux bûches de Noël afin qu’elles tiennent au creux de notre main.
Parlant de mains, les nôtres ont-elles grandi oubedon nos roulés suisses chéris sont victimes de réduflation? Cette boîte va se vider deux fois plus vite, on aurait dû en demander deux fois plus à la relationniste de presse.
C’est vraiment nice, recevoir du manger gratisse, est-ce que d’autres relationnistes auraient envie de nous shipper de quoi? L’épicerie coûte cher pis voici notre adresse courriel : vastufinir@gmail.com.
On faisait quoi déjà? Ah oui, on mangeait des suisses roulés.
Amorcer la dégustation par le grignotage de la couche chocolatée de couverture, en gardant les bouts pour la fin. C’est comme une activité de motricité fine pour la bouche.
Poursuivre le mangeage en ingérant le roulé placé perpendiculairement à la bouche, en alternant les bouchées avec une gorgée de lait.
Méditer sur ces petits bonheurs de la vie que l’on oublie trop souvent de savourer, inscrire dans notre journal de gratitude «pas sûr goûte pareil mais mémoire ???» et se laisser des messages vocaux la bouche pleine dans l’app Notes pour notre éventuel essai philosophique L’ontologie du crémage. Pour une relecture ataraxique du patrimoine pâtissier, d’Épictète à Vachon.
La mémoire est une traitresse.
Dans nos souvenirs, l’émisson Jem et les hologrammes, c’était super bon. Mais quand on a réécouté le premier épisode, on s’est mis à douter de tout ce qu’on pensait connaître.
Dans nos souvenirs, c’était super bon, les roulés suisses. On y a regoûté, on ne sait pas si ça goûte pareil pareil, mais ça goûte bon.
Gâteaux Vachon : 1.
Jem et les Hologrammes : 0.
Et maintenant, que devrait-on ramener d’entre les morts, à grands coups de Ouija pâtissier? Voici nos humbles suggestions :
Les doigts de dame
Les Pique
Le loyer abordable
La guillotine
Les 680 espèces animales vertébrées disparues à cause de l’activité humaine
Les croquettes
Vous vous souvenez des croquettes? C’était pas croquant pantoute, mais c’était bon…