Attaboy, on boycotte!
Notre liste de délices fleurdelisés pour vous aider à boycotter les méchants États-Unis.
Sitôt de retour en poste, Donald Trump a menacé d’imposer des tarifs sur les produits canadiens si on ne se pliait pas à ses demandes, qui étaient, en gros : blablabla Fentanyl, blabla frontières, blablabla phrase incompréhensible, blablabla ¯\_(ツ)_/¯, blablabla long détour à propos du fait que les toilettes flushent plus comme avant à cause des trans, blablabla m’a toute vous envahir ma gang de pas bons. Mais en anglais.
On ne sait pas trop pourquoi, mais nos politiciens ont décidé de faire semblant qu’il s’agissait là d’une vraie négociation de bonne foi basée sur des arguments sensés, et le Canada a pris les grands moyens en… nommant un Tsar du fentanyl.
On avait déjà un Roi de la patate, un King des électroménagers et une rue Prince-Arthur, alors pourquoi pas? On a hâte de voir la prochaine concession que va accorder Trudeau. Un vizir de la kétamine? Un calife du crystal meth? Un général du LSD?
On postule où?
— Mathieu, qui se voit vraiment dans un habit de général multicolore aux médailles psychédéliques
La job du gars sera pas trop épuisante, considérant qu’à peine 43 livres de fentanyl rentrent aux États-Unis à partir du Canada. Ce qui veut dire que tout le fentanyl canadien, c’est peut-être juste un dude avec une glacière Coleman ben pleine dans sa valise qui passe la frontière en disant «We are gowingne to de Tradeur Jowzz!» au douanier.
Cette manœuvre, équivalant à donner un iPad à un enfant en crise au Saint-Hubert pour acheter la paix vingt meunutes le temps que son Animalerie sauce fruitée arrive, nous a accordé un mois de sursis. Ce mois tire cependant à sa fin. Et Trump, lui, à l’inverse, n’a toujours pas été tiré.
Luigi est occupé ces temps-ci, mais que fait Mario?
— Caroline, dans son costume de Princess Peach
Le mouvement de boycott des produits américains lancé il y a quelques semaines est donc toujours d’actualité.
Mais même s’il n’y avait pas la menace des tarifs, ce serait bien honnêtement très tentant d’éviter autant que possible d’acheter quelque chose qui vient de nos voisins du sud. Qui veut prendre le risque de peut-être mettre des sous dans les poches de quelqu’un qui trouve ça hilarant, une vidéo «ASMR» de déportation de demandeurs d’asile?
La Presse, toujours friande d’occasions de parler de comment dépenser tout son revenu discrétionnaire, s’y est mise aussi, tentant de nous aider à mieux acheter local «au rayon de la mayonnaise».
Le quotidien en fait même une série, partant à la recherche :
du lait le plus pas américain (si tu achètes du Lactantia, tu es un·e traître·sse à la nation);
de la chips la plus patriotique (si tu ne snackes pas avec des YumYum1, tu crounches crounches avec Hitler);
de la tomate en canne la plus rouge unifolié (Pastene? passe-toi-en!);
des jeans les plus bleu fleurdelisé (les Levi’s ne te moulent pas seulement le derrière, ils révèlent aussi ton petit penchant fasciste);
du nettoyant tout usage le plus local (laisse le Fantastik aux Américain·es, paraît que c’est ça qui va remplacer le vaccin contre la rougeole!);
ou de la nourriture pour chien la plus d’icitte (Fido respecte bien trop les personnes LGBTQ+ pour manger du Purina!).
Bref, c’est à la mode d’arpenter les allées du Super C avec sa loupe de détective nationaliste, scrutant les étiquettes, histoire d’être bien certain·es d’engraisser des milliardaires d’ICI, de fiers plutocrates bien de chez nous, plutôt que de mettre notre argent dans les poches des milliardaires américains.
Mais pas toujours besoin de chercher sous l’emballage l’adresse postale de l’usine pour savoir si un produit est américain ou pas. Des fois, c’est carrément dans le nom.
Voici donc…
Notre liste de substituts 🍁 pour remporter la guerre économique 🦫
Imprimez-la comme si c’était un trajet MapQuest en 1998 et partagez-la à vos ami·es!
OUT : Les beignes Boston
IN : Les beignes Moncton, au petit goût de homard qui surprend
OUT : Le hot-dog Michigan
IN : Le hot-dog Mingan
OUT : Les sushis California roll
IN : Les sushis Matapedia rouleau
OUT : Les huîtres Rockefeller
IN : Les huîtres Desmarais
OUT : Le Philly Cheesesteak
IN : Le Valleyfielly Cheesesteak
OUT : Dire du mal de la pizza hawaïenne
IN : Dire du mal de la pizza des Îles-de-la-Madeleine (qui est un peu le Hawaï du Québec, quand on y pense juste assez longtemps mais pas trop)
OUT : Le chicken à la King
IN : Le poulet en sauce à la Sylvain Cossette
OUT : Le New England clam chowder
IN : La soupe sardines et gourganes de New Carlisle
OUT : Les ailes Buffalo
IN : Les ailes Boucherville
OUT : Le Texas barbecue
IN : Le barbèque du Témiscouata
OUT : Le Kentucky fried chicken
IN : Le Kénogami poulet frit, lâ lâ
OUT : Le Yankee pot roast
IN : La mijoteuse de Yamachiche
OUT : Les Maryland crab cakes
IN : Les galettes au thon en canne de Marieville
OUT : L’Alaska king crab
IN : Les pattes de crabe des neiges de la Rivière-à-Claude
OUT : La deep dish pizza de Chicago
IN : La pizza sauce à spag de Marko’s à Chibougamau
OUT : Les huîtres de Virginie
IN : Les huîtres mangées avec Chantal Fontaine
OUT : Le East Side Mario’s
IN : Le MC Mario Mixdown 98
OUT : Commander un Manhattan au bartender qui a l’air de jouer dans Mumford And Sons
IN : Commander un Mascouche on the rocks au barman qui joue du triangle pour Charlotte Cardin
OUT : Être abonné·e au Washington Post, et te faire dire quoi penser par Jeff «le libre-marché est un sujet trop souvent ignoré par les médias» Bezos
IN : Être abonné·e à Vas-tu finir ton assiette, et te faire dire chaque mois quoi lire, quoi voir, quoi visionner et quoi écouter grâce à une infolettre culturelle exclusive qui n’est aucunement affiliée aux grands médias
Sacre ton CD de Sabrina Carpenter au recyclage pis pars-toi du Nancy Dumais, parce que ça finit icitte, l’invasion américaine. Trinquons à la victoire avec cette cannette de Canada Dry!
Caro, y’a un problème.
— MathieuBon, quoi encore?
— CarolineCanada Dry appartient à une compagnie américaine depuis 2008.
— MathieuAh schnoutte. Euh, tapeu que je regarde dans le tiroir du frigo… Prendrais-tu un Red Champagne?
— CarolineC’est beau, je vais rester à l’eau.
— Mathieu
Bien sûr, on fait table rase du fait que l’entreprise a eu pendant 30 ans, et a ramené brièvement, un logo stéréotypé raciste. Ça aussi, c’est patriotique, ne pas trop s’en souvenir vaguement.