Fais-moi la barre tendresse
On est allé·es à la pêche aux barres tendres pis on en a ramené une grosse comme ça [miment 4 pouces de long].
Les céréales du Capitaine Crounche sont comme un défi lancé à toustes les intrépides du déjeuner. «Peux-tu me manger au complet avant que ça devienne toute mou? Tu as à peu près… 25 secondes. Go!» Pour un vieux loup de mer, le Capitaine a vraiment de la misère à endurer être trempé. Ça reste quand même bon son affaire, pour autant que tu voies le déjeuner comme une occasion d’augmenter tes chances de passer du temps de qualité avec ton dentiste.
[Mathieu et Caro grimpent sur leur table de cuisine]
O Cap’n Crounche! My Cap’n Crounche!
— Caro[Caro arrache les pages de son cahier]
O Cap’n Crounche! My Cap’n Crounche!
— Mathieu[Mathieu comprend que la poésie peut changer le monde]
Alors que son collègue le Capitaine Highliner a reçu un sérieux redesign dans les dernières années, le faisant passer de «ton oncle qui aime pas beaucoup les étranges» à «oh shit j’avais pas remarqué avant que Ricardo est vraiment chaud»…
… le Capitaine Crounche (Joseph Édouard Siméon Crounche, de son nom complet), lui, en a reçu un qui l’a fait passer de «Yarrrr!» à «Yarrr, mon neveu a fait un cours de modélisation 3D, checke ça!».
Fort de ce nouveau souffle dans les voiles de son navire, le Capitaine Crounche et son équipage (Matelot Slurp, Lieutenant de vaisseau Menoum-Menoum et Officier Burp) ont décidé d’aller explorer de nouvelles mers. Quittant les océans de lait, les voici navigant les mers de la barre tendre, prêts à tenter l’abordage du lunch des enfants dont les parents sont pas trop trop regardants sur l’apport nutritif de ce qu’iels mettent dans leurs rejetons.
Et pourquoi pas? Simon-Cric, Marie-Crac et Jean-Croc1 ont bien leurs classiques «carrés aux Rice Krispies». Il y a sûrement de la place pour une collation concoctée à partir des petits oreillers de maïs du Capitaine.
Sauf que… regardez bien la photo…
Regardez de plus proche, en laissant une marque de gras de nez dans votre écran…
De un, voyez comme ça a l’air du vomi d’un chat qui a mangé des céréales Pierrafeu. De deux, constatez que c’est pas pantoute les céréales classiques qui y sont agglomérées. Ce sont les «baies» de la variété qui a des «baies» dedans.
Yéééé! Une portion de fruits!
— Marc-André Déni, le gars qui considère que le A&W c’est santé si tu prends la rondelle d’oignons
Le Capitaine se fait vachement discret dans ses propres barres. Il est quoi, là-dedans? L’étrange petit zig zag blanc défini comme un «filet de confiserie»? On espère que non.
À l’intérieur de la boîte, les barres tendres sont significativement plus petites que ce à quoi on s’attendait (ou plutôt que ce qu’on craignait). Ouf, enfin une bonne nouvelle! Ça en fera moins à manger, pis moins à jeter, s’il s’avérait que nos palais usés par l’abus de Monster soient incapables de tolérer autant de colorant. Il faut dire que le pouce d’espace supplémentaire de la boîte sert essentiellement à contenir la liste d’ingrédients, longue comme Guerre et Paix, mais la version writer’s cut, où Tolstoï avait pas encore retranché tous les chapitres avec les extraterrestres.
C’passke j’ai un bac en lettres, pis ta yeule.
— Caroline, quand on met en doute ses connaissances littéraires
Parmi ces ingrédients aux noms aussi créatifs que des titres de tounes de Sigur Rós, il y a ce qui doivent être des composés de maquillage : «rouge allura» et «bleu brillant FCF». On est à un «mauve lécithine de soya» et un «jaune huile de palme» d’avoir la palette de makeup à Barbada. Les tocophérols sonnent comme la prochaine crise des opioïdes2 pis on imagine déjà les grands titres : «Les tocophérols font des ravages au centre-ville». Le p’tit buzz qu’ils procurent est bien plaisant jusqu’à ce que tu te mettes à saigner des gencives, à avoir les bras pendouillants, à t’endormir au volant pis à chier mou dans ton lit3. Quant à la tartrazine, on est pas mal sûr·es que ça nous a coûté un mois de loyer chez le vétérinaire pour enlever ça des dents de notre chat.
Après avoir déchiffré la liste des ingrédients avec une loupe, un dictionnaire pis quatre nutritionnistes sur un appel Zoom (mais PAS celui qui est urbain, il a jamais retourné nos textos, il devait être pogné dans le trafic avec son Bixi pis ses semences de vieille tomate), on doit maintenant manger ça. Saint Tony le Tigre, priez pour nous.
Un vrai rrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrr
— TonyOh shit…
— Mathieurrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrr
— TonyJe pense qu’yé bogué…
— Carorrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrr
— Tony, d’un air paniquéQu’est-ce qu’on fait?
— Mathieurrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrr
— Tony, une larme coulant sur sa joueAs-tu essayé de le fermer pis de le rouvrir? De vider la cache?
— Carorrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrr
— Tony, griffonnant «abattez-moi, je vous en supplie» sur un bout de papier
Une dégustation en forme de haïku
Le haïku est un court poème japonais, composé de trois vers comptant 5-7-5 syllabes et exprimant un sentiment fugace, une émotion du temps présent. Sa forme épurée, évocatrice tout en étant concise, nous semblait tout indiquée pour faire ressentir à notre lectorat, de façon brève et forte, le maelstrom de stimulations visuelles, olfactives et gustatives que procure une seule bouchée.
Agressés, nos sens
Dégoût, reflux et refus
Cinq piasses pour rien
Ne nous mentons pas : les céréales du croustillant marin n’ont jamais vraiment fait partie d’un petit déjeuner équilibré. À moins que ce que tu veuilles équilibrer, c’est le fait que tu as mangé un kilo de choux de Bruxelles pis deux litres de jus de kale avec pulpe pour souper la veille pis que tu as peur d’être trop en santé. Les barres tendre du flibustier de la crunchitude arpentent les même tracks de Sea Doo du déséquilibre alimentaire que l’OG céréale en ne faisant pas pantoute partie d’une collation nourrissante. Si ça avait été le genre de fruits qu’on mangeait sur la Nina, la Pinta et la Pepita Sangria, tout le mort serait mort du scorbut avant même d’arriver en Amérique.
Wow… le rêve!
— Un membre des Premières Nations
Le délice croquant peut cependant faire partie d’un menu 100% capitaine, composé de trois shooters de Captain Morgan, de deux bâtonnets de sole du Capitaine Highliner et d’une portion de poulet Capitaine Tao (c’était avant qu’il monte en grade).
rrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrégal!
— Tony, qui a enfin rebooté
Puisqu’il semble évident que nous ne finirons pas la boîte (il reste encore 4 barres tendres dedans, et il ne nous reste plus beaucoup d’envie de vivre dedans nous), on a brainstormé sur l’usage potentiel à faire des restants. La seule conclusion logique a été de maximiser l’aspect chimique des colorants alimentaires et leurs possibles propriétés luminescentes. On a donc revêtu nos plus beaux habits en vinyle fluo, on a piqué tous les Beanie Babies des enfants pour se les attacher autour du cou, on a poppé 2 Fuzzy Peach chacun·es pis on est parti·es dans un rave, glowsticks en barres tendres à la main.
On ne pouvait pas, décemment, les câlisser dans le sac à lunch des enfants, parce qu’après avoir payé le détratrazinage du chat, il nous reste pu beaucoup de budget pour des traitements de canal en urgence. Oh, et aussi, on essaie de pas se faire dénoncer encore une fois par la police de la boîte à lunch.
Crounch crounch!
That’s the sound of da police!
Crounch crounch!
That’s the sound of da baies!
— La surveillante du midi
On bet que vous saviez même pas les prénoms des croquants triplés, v’nez pas dire que vous apprenez rien avec nous.
On rit on rit mais les problèmes de dépendance, qu’ils soient personnels ou ceux d’un proche, sont à prendre au sérieux et peuvent trouver leur solution. Il y a de l’aide ici.
On aimerait bien vous dire qu’on a inventé ces symptômes, mais selon le Manuel MSD, c’est ça qui arrive quand tu te bourres trop de vitamine E (tocophérol). Vous allez vous coucher moins nonos pis nous aussi (ce qui n’est pas peu dire, comme on est quand même vraiment pas pire nonos).