Les Chefs 2024 : Snack-bar chez Colombe
Si c’est pas écrit sur le bâton, c’est pas un vrai épisode des Chefs.
La semaine dernière, aux Chefs!
Collin est le petit nouveau qui s’est joint à la brigade de petit·es vieux et vieilles, alors qu’Ashley-de-la-saison-5 a lâché un gros sacre («Koulibiac!») lorsqu’elle a été la première éliminée «au terme d’un duel d’omelettes farcies crève-coeur». La leçon : farcissez vos omelettes avec autre chose que du crève-coeur.
Réalisé par Peter Jackson, l’épisode durait 90 minutes. Et puisque l’épisode est réalisé par Peter Jackson, on aura bientôt droit à une version director’s cut avec 90 minutes supplémentaires, qui sortiront en 3 épisodes de 30 minutes avec track de commentaires pis en 4K.
Cette semaine, à la même émission
On revient au format habituel d’une heure. Fiou! Parce qu’appelez-nous des p’tites princesses si vous voulez, mais on aime ça pouvoir dormir un peu entre les épisodes.
Vous vous souvenez de l’an dernier, quand chaque épisode commençait par un stunt où on triait les équipes via des frigidaires de couleur ou des avions de chasse qui écrivaient en chem trails dans le ciel les noms des participant·es? Ben cette année, on fait ça avec… des bâtons de popsicle. C’est un brin plus lo-fi, mais c’est ça qui arrive quand garnir la pantry de cannes de tomates de marque maison que les concurrent·es n’utilisent jamais coûte soudainement trois fois plus cher pour pas de raison outre fournir un plusse gros boni à un gars qui s’appelle littéralement Per Bank.
Les concurrent·es se ramassent donc en équipes de trois, ce qu’iels célèbrent à grands coups de finger guns et de puncher le ciel comme des estis d’elder millennial·es. Extatique, Jean-Simon a même presque bougé un sourcil.
Le défi du jour a été inspiré par la coach Colombe, dont le génie marketing lui a permis de trouver un moyen de charger 35 piasses pour une frite pis un hot-dog grâce à son concept de «cantine gastronomique». La cantine gastronomique, c’est quand tu veux cuisiner de quoi de bon, mais que tu feeles pas pour salir des assiettes alors tu sers ça dans une boîte en carton recouverte de papier ciré carreauté avec des ustensiles en bois râpeux sur la langue qui te laissent une écharde dans le palais si tu les liches.
Toc toc toc… ah ben gadon ça la belle visite!
Mais oh lala, twist sur twist sur twist et «plans within plans» comme on dit dans Dune: Élyse avait un autre tour dans son sac. Comme si quelqu’un de superstitieux avait échappé tout un tray de fourchettes, le plateau reçoit 30 nobodies. Ce sont, dit-on aux concurrent·es, leurs «plus grands fans».
Han han.
Ouais.
C’est ça.
«Ils ont été sélectionnés parce que ce sont LES plus grands fans de l’émission Les Chefs!» renchérit même Élyse. Vous la replacez, Élyse? Marquis? Celle qui a signé la préface de notre livre, où on consacre 27 pages à un show de tévé qu’on ne nommera pas, mais qui s’appelle LES CHEFS!?
Sur les 30, y’en a combien qui ont amené le livre qu’iels ont écrit, avec un chapitre complet qui parle des Chefs? Aucun? Ah bon. C’est spécial pareil, pour LES PLUS GRANDS FANS.
«Quand les portes se sont ouvertes, j’ai senti l’émotion monter, j’ai eu des frissons», dit Sébastien Laframboise, qui a clairement pas dit ça quand il a rencontré Caroline qui lui tenait la porte des toilettes du resto où il travaillait la fois où elle est allée… l’interviewer pour parler des Chefs.
Les grand fans, iels sont-tu grand·es comme… en grandeur? C’est-tu le club des fans de sept pieds et demi? Parce que si oui, OK, cool, on peut pas compétitionner. Mais autrement, on va le dire, si on était de moins bonnes personnes, on serait un peu vexé·es.
Heureusement pour tout le monde, on est de bonnes personnes, alors tout ça nous coule sur le dos comme la laque sur le dos d’un canard de Pékin.
Aaaaaaaanyway.
Faque la foule est là, et elle est EN DÉLIRE. Ça applaudit comme si c’était la finale de la coupe Stanley (celle qu’on boit du champagne dedans, pas de l’eau). L’épicerie coûte tellement cher de nos jours que suffit de promettre un souper grétisse à kekun pour qu’il se mette à capoter.
Les concurrent·es vivent des émotions de gens qui se sont rarement fait standing ovationner pour la qualité de leur béchamel. Le gros frisson sur les bras, les larmes aux yeux, iels refoulent des traumatismes d’enfance sous les cris adulatoires de la foule rassemblée pour manger gastronomique sur le bras de Radio-Canada pis salir le mobilier beige avec du ketchup de camerises.
Vox macaroni, vox tout garni : c’est le public qui déterminera les équipes gagnantes. Ça donnera un break au quatuor jugeatoire, qui digère encore les 18 plats qu’iels ont eu à mâcher à l’épisode précédent. Pis là en plus y’a des équipes d’équipes, les rouges vont affronter les jaunes, et les bleus vont affronter les verts. Puis, le public va décider de quoi, mais après les juges vont décider autre chose, on n’a pas toutte toutte suivi, ça s’en venait compliqué et on avait envie de pisser.
Un menu tout en préparations et en plats de type nourriture
Qu’y aura-t-il au menu du défi pour Madame et Madame Tout-le-Monde (on est en 2024, Monsieur et Madame Tout-le-monde ont ben le droit d’être un couple de même genre)?
Ou Monsieur, Madame et Madame Tout-le-monde?
— Caroline, qui s’intéresse au trouple
Les candidat·es auront à cuisiner une «saucisse sur bâton de type pogo», «une préparation à base de poisson ou de fruits de mer» et une «préparation végétarienne» de leur choix. Nous, on verrait «saucisse sur bâton de type pogo» sur le menu d’un Valentine pis on virerait de bord, mais elleux vont plutôt devoir en faire 20 portions.
«Les consignes sont claires pour vous?» demande Élyse, et tout le monde dit oui. Devant notre écran, nous aussi on acquiesce, mais ça, c’est yienque parce qu’on est des people pleasers.
«Le vrai défi de ce soir, c’est de faire en quantité de la qualité», explique Colombe. Et ça, c’est quelque chose qu’on connaît bien, ici, à Vas-tu finir inc. On écrit beaucoup, mais on s’assure de toujours écrire de la qualité. Même que des fois, on se relit avant de publier. Pis jamais, jamais, on ne fait de remplissage.
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— Mathieu et Caroline
«Où va-t-on retrouver le gastronomique?» s’interroge Élyse à propos du concept de cantine gastronomique. Parce qu’il ne suffit pas de servir son foie gras dans une roulotte sur le bord de la 40 entre Louiseville et Yamachiche pour être une cantine, et c’est pas parce que tu remplaces la sauce à poutine du roi de la pétate par un espuma à l’achillée millefeuille que c’est soudainement étoilé Michelin. Le gastronomique, il se trouvera donc évidemment dans le bâton du pogo. Celui-ci doit être fait d’un bois noble, comme du chêne ou de l’ébène, infusé d’un consommé de soucisse hottedoye, et vieilli 60 jours dans un cellier à température contrôlée. Quant à l’inscription sur le bâton, elle doit être faite par un artisan sculpteur de Saint-Jean-Port-Joli dans un économusée certifié.
Ça va prendre de la vraie mayonnaise, de la vraie sauce, dit Juge Jean-Luc, qui a déjà une tétine ploguée à un tuyau plogué à un baril de Hellmann’s caché sous la table, pis PARLEZ-Y SURTOUT PAS DE MIRACLE WHIP. La moutarde et le ketchup sont-ils des sauces? Ce n’est pas spécifié, mais nous sommes d’avis que de servir les deux en même temps avec le pogo peut procurer aux juges une expérience sensorielle digne de ce document d’archive :
La présentation devra être «de niveau trois étoiles», explique Pasquale. Soit :
Une étoile pour la boîte en carton;
Une étoile pour le paquet de napkins qui partent au vent;
Une étoile pour les petits sachets de ketchup en tapon.
Pendant que les concurrent·es entament le travail, on nous gratifie de commentaires surexcités de gens hyped du public en délire. On a un peu peur que le gars en cardigan bleu soit évacué en civière, complètement évanoui d’avoir vu en personne un aspirant-chef couper des oignons.
Si les plans pour le pogo et les fruits de mer sont rapidement clairs pour tout le monde, celui du plat végé semble pas mal plus mystérieux. Les bleus parlent de faire du melon d’eau compressé (du melon au compresseur à air? du melon avec des bas de compression pour ses varices?). Voilà le genre de plat parfait pour les véganes qui adorent avoir faim 20 minutes après avoir mangé, pendant que le reste de leur famille carnivore rote du pogo jusqu’au souper. L’équipe utilisera quand même ingénieusement les retailles de melon d’eau pour faire une vinaigrette, parce que c’est important, «essentiel» dit Élyse, de minimiser les pertes. Et c’est pourquoi, personnellement, nous cuisinons même le petit sticker sur le melon d’eau.
Je le passe au tempura et j’en fais une délicieuse chip décorative!
— Caroline «code 318 à la fruiterie» Décoste
Pause commanditaire : un flétan sachant flatter sait flasher sans son chien
L’équipe de Vas-tu finir ton assiette est fière d’être sponsorisée par l’École de diction Pasquale Vari! Grâce à l’École de diction Pasquale Vari, nous savons non seulement prononcer à la perfection «une farce fine de flétan» avec une spatule entre les dents, mais nous ne faisons plus l’erreur de dire «pâwwte à chou» comme de vulgaires prolétaires : nous sachons maintenant que l’exacte prononciation est «patachou».
Vous aussi, vous pourriez parler comme un·e diplômé·e de HEC Montréal. Il suffit de profiter de notre code promo FLÉTAN10 pour obtenir 10 % de rabais sur votre inscription à l’École de diction Pasquale Vari!
De retour au programme principal : les saucisses se cachent pour tuer
Jean-Simon part sa production de saucisses. Maître-charcutier de son état, il propose «un pogo agneau version mitraillette», ce qui ne fera rien pour nous convaincre qu’il n’a pas un petit sideline de tueur en série pour arrondir les fins de mois. (V’nez pas nous dire que maître-charcutier dans une ferme bio à Hemmingford est dans le top 10 des professions les plus lucratives recommandées comme carrière de choix par un conseiller en orientation au cégep. Faut toustes gagner sa vie comme on le peut dans cet enfer capitaliste.)
Pendant que notre serial killer favori s’fait aller le hachoir, l’équipe des jaunes décrit son menu dans le menu détail et, dans le lounge, des cris de jouissance commencent à s’élever de la foule des soi-disants plus grands fans.
«Un dessert, c’est végé!» est énoncé avec étonnement et admiration, comme si c’était l’innovation culinaro-intellectuelle la plus clever entendue sur le plateau.
Liste des choses qui sont aussi végé
Un verre de jus
Un ficello
Une beurrée de beurre de pinottes
Une king can de Wild Cat
L’eau qui reste quand t’as égoutté tes pois chiches
Franchement, quel tour de passe-passe, quand même!
Voulez-vous stresser quelqu’un?
Pourquoi lui parler…
d’un potentiel conflit mondial
d’une intelligence artificielle capable d’imiter sa voix pour frauder ses proches au téléphone
d’une nouvelle saison d’horribles feux de forêt impossibles à contenir?
quand tu peux…
faire de la mandoline SANS LES TI-GANTS EN FILMANT LE TOUT DE BEN BEN BEN PROCHE?
*****cue les cris apeurés de femmes dans la salle*****
De retour au programme principal : les saucisses se cachent pour mourir
Les équipes avec pas de maître-charcutier dedans sortent sortent la machine à soucisses, pis c’est comme regarder nos parents filmer de quoi avec un iPad, niveau aisance technique. Sidney a opté pour la technique «petit sac à caca de chien» et pour le look «intestin grêle», un alléchant combo s’il en est un.
Malgré la panique généralisée dans 3 des 4 équipes autour des petits étrons de viande à divers stades de l’échec culinaire, une super fan énonce dans le lounge l’encourageante platitude «c’est pas fini tant que c’est pas fini», et on voudrait pas ramener ce sujet sensible sur le tapis, mais Radio-Canada, si vous vouliez des gens pour remplir du temps d’antenne en disant des évidences genre «quand y pleut c’est mouillé», «après la pluie le beau temps» ou «les gouvernements ne servent que les intérêts des plus nantis», vous auriez pu nous appeler.
C’est quand même une belle température qu’on a.
— MathieuOh, quand y mouille pas!
— CarolineMais encore là, c’est bon pour le gazon.
— Mathieu
La présence des même-pas-aussi-fans-que-nous réjouit les aspirants-chefs, qui n’en reviennent yienque pas. Deux coéquipiers s’exclament : «c’est comme un surprise pour ta fête», «non, c’est mieux que ma fête!», pis nous, on n’a pas eu de surprise pour nos 40 ans, mais on n’aurait pas tellement apprécié que 30 méga fans de nos vies mais qu’on connaît pas pétoute débarquent dans notre cuisine en gueulant pis en applaudissant dans l’espoir qu’on leur fasse des pogos au flétan.
«Il faut qu’ils finissent», s’inquiète Élyse, en voyant les rouges pas être tight tight sur la friture du pogo. «On a des fans qui veulent manger.» Il faut savoir que, pour garder les secrets de l’émission, le public est arrivé aux studios il y a deux semaines, et il a été gardé dans une pièce sans fenêtre depuis, à manger un bol de gruau par jour. S’il fallait qu’une partie d’entre elleux n’aient pas leur ration de pogo, Dieu sait le carnage qui pourrait survenir.
Avez-vous vu Suzie?
Pendant ce temps, chez les verts, on a la prémisse d’un passionnant podcast de true crime, alors qu’Anthony lance «Let’s go, il reste 13 minutes! Suzie, tu t’en viens-tu?» et n’obtient en réponse qu’un assourdissant silence.
…
«Suzie?» réitère-t-il, la voix craquant sous le stress et la peur.
À ce jour, Suzie n’a toujours pas été revue.
On soupçonne le gars en cardigan bleu, avec une clé à molette, dans la pantry.
— Les Vas-tu, champion·nes de Clue
GO GO GO!!!
10, 9, 8, 7, 6, 5…
C’parce qu’on est capables de compter nous aussi. Y’auraient pu nous inviter.
— CaroBen oui, check : 10, 9, 8, 7, 6, 4…
— Mathieu
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