Vous m’avez monté un beau grand verre d’eau
«Eau crisse», pas un texte rempli de jeux de mots sur la Stanley Cup? Ne craignez rien : on a bain mieux à faire.
En tant que personnes qui ne suivent que partiellement les nouvelles sauf si c’est une naissance animale dans un zoo ou un nouveau record mondial aux fléchettes, on a passé plusieurs semaines très intrigué·es par l'idée que les gens buvaient dans la coupe Stanley.
On avait déjà entendu parler de joueurs de ringuette victorieux qui y sirotent le champagne et y mangent des céréales, mais jamais d’une Cindy de Brossard traînant le prestigieux trophée au bureau pour trinquer dedans, au risque de pogner le restant de feu sauvage de Mario Lemieux saison 1991-1992.
Maintenant qu'on sait que les Stanley Cup ne sont pas le célèbre trophée remporté maintes fois par le National de Québec, mais plutôt LA PLUS GROSSE ESTIFIE DE GOURDE QUE T’AS VUE DE TA VIE, on ne comprend pas tellement plus.
Depuis des décennies, la médecine tente de nous convaincre de boire 28 verres d’eau par jour. En vain. Même en pleine canicule, il faut que les médias nous rappellent de bien nous hydrater, et ça nous fait nous demander comment l’espèche humaine a pu survivre à la savane. Et tout ce temps, le truc, c’était de nous vendre le contenant plutôt que le contenu?
On va être honnêtes avec vous : on trouve ça nono (et aussi bêtement capitaliste1), de se battre pour n’importe quelle bébelle à la mode pis de collectionner des chaudières avec des pailles dedans, mais la vérité, c’est que nous deux, on gagnerait peut-être à boire plusse d’eau. Autant que les médames tellement en amour avec leur sippy cup d’adulte qu’elles dorment en cuillère avec pendant que leur chum, qui ne possède pas de double paroi thermale ni de paille sur le top de la tête, est relégué sur le divan, des médames tellement bien hydratées que leur pisse est claire comme de l’eau de roche. Tsé nous, si tu nous tords un bras, on va dire «ayoye viarge quosstufais là?», mais ces médames-là sont tellement plus hydratées que nous que leur douce peau c’comme une débarbouillette qui flotte dans le bain pis que tu pourrais te laver le visage yienque en leur tordant le bras au-dessus de ta face. Des médames qui grâce à leur cup n’ont aucun problème de corne aux pieds ni d’arrachage de tite peau de lèvre sèche que woups t’as trop tiré dessus pis là tu saignes jusqu’au menton, pis avec probablement moins de maux de tête, de fatigue pis de crampes de déshydratation que nous, les deux p’tits raisins secs.
Beaucoup d’encre, d’octets et de salive ont été dépensés à parler de la folie des Stanley Cup récemment. Ici, du monde qui campe devant un Target dans l’espoir de se faire piétiner pour une édition spéciale. Là, des gens qui en ont une collection de 48. Pis checke au loin : une occasion de traiter les femmes de grosses connes! Du coup, ce n’est pas là-dessus qu’on va écrire aujourd'hui malgré tout ce qu’on vient d’écrire. Qu’y aurait-il de plus à dire?
Mathieu boit dans la même gourde depuis dix ans, et a l’intention de le faire jusqu’à ce qu’il ait bu la gourde entière elle-même, une micro-particule de plastique à la fois. Caroline, elle, aime bien sortir dans la rue avec, à la main, un verre d’eau. Un vrai verre. En vitre. Juste pour le kick. Parce qu’il n’y a rien de plus inquiétant dans la vie que de voir quelqu’un marcher sur le trottoir, un verre d’eau à la main. On ne peut pas expliquer pourquoi. Ce sera probablement la prémisse du prochain film d’horreur produit par A24.
Nous allons donc nous attaquer à un côté très peu couvert de la Stanley Cup : le ce qu’on met dans le dedans de. Oui! Après dix ans de critique culinaire, il est temps pour Vas-tu finir ton assiette de tester…
L’eau
L’eau.
L’or bleu.
Le monoxyde de dihydrogène.
L’oxyde d’hydrogène.
La source de vie.
La glissade d’.
L’hymen de sous lequel le dauphin flou est gardé en otage par l’espace.
Peu importe dans quel ordre tu mets les mots, les chansons du premier Daniel Bélanger, c’est pas clair clair.
– Mathieu
Là, si vous contribuez à notre Substack, d’abord, marci!, et ensuite, vous êtes en droit de vous demander pour quossé faire qu’on fait pas rouler l’économie en dépensant votre investissement dans l’achat d’une cochonnerie douteuse au lieu de goûter ketchose de grétisse qu’on trouve potable partout, même dans une bol (mais pas dans une communauté autochtone canadienne). Et à ceci, nous répondrons… euh…
Que c’est un geste fort pour parler d’environnement?
Que l’eau est un sujet universel?
Qu’on avait oublié qu’on avait un texte à écrire le lundi soir pis que les épiceries étaient fermées quand on s’en est aperçu·es pis qu’on avait pas grand-chose dans le frigo à part une brique de tofu ferme nature, de la gelée de piments de Noël 2017 pis deux Yop passés date pis qu’on s’est dit que de surfer sur la vague de la Stanley Cup serait paresseux de notre part mais que ce serait bon pour nos stats de ploguer le mot une couple de fois pour des questions de SEO avant d’en arriver à un texte conceptuel qui parlerait de ce qu’il y a dedans vos Stanley Cups2?
On va dire que c’est 1 pis 2, OK? *Hochements de tête complices, index et majeur qui pointent vos yeux pis nos yeux en alternance dans le geste de j’te watche toé, pis c’est tiguidou*
Après tout, si Michel Rivard a pu faire un hit à propos du goût de quelque chose qui ne goûte rien, nous on peut bien faire un petit mille cinq cents mots.
Écoute mon amour
Écoute comme c’est beau
Ce n’est pas le moteur
Ce n’est pas la radio
Ah ben oui c’est la radio
C’est weird qu’ils fassent jouer des sons de pluie à la radio
Ooooh, le goût de l’eau
– Michel Rivard
Préparation et présentation suggérée
Les manières d’agencer la molécule d’hydrogène et ses deux chummy d’hydrogène sont multiples. Pour se verser un bon verre d’eau, plusieurs écoles de pensée existent, un peu comme dans la Grèce antique ou un party de trentenaires diplômés en philo qui trippent sur le vin orange pis Les Louanges :
Le stoïcisme : température pièce, à même la champlure de la cuisine;
L’hédonisme : d’une bouteille en plastique carrée, remplie d’eau importée d’Hawaï;
Le platonisme : ça c’est quand t’as l’idée de te verser un verre d’eau, mais que la réalité n’est qu’une copie imparfaite de l’idée du verre d’eau, faque tu te le verses juste pas (école de pensée aussi connue sous le nom de «chuspartifaireautrechosefinalementpisjaioubliéisme»);
Le cynisme : fuck it, on va boire dans le verre d’hier dans lequel le chat a trempé la patte cette nuit, car à quoi bon on va toustes mourir anyway.
Vous pouvez aussi vivre richement (avec un Brita dont le filtre est régulièrement changé au lieu de vivre avec le même vieux filtre au goût légèrement sucré depuis l’achat dudit Brita en 2014), ou dangereusement (avec une gorgée prise dans un abreuvoir d’école primaire).
Y’en a qui dévalent des rapides en kayak ou se pitchent d’une montagne en deltaplane, mais moi pour vivre des émotions fortes, je m’abreuve au même endroit qu’une classe de maternelle qui a la gastro.
– Caroline
Vous avez votre eau à portée de bouche? Vous êtes ready to gurgle!
Dégustation
On apprécie mieux ce qu’on a eu le temps d’oublier un peu. C’est vrai pour la chanson Ob-La-Di, Ob-La-Da. C’est vrai pour la petite vérole. Et c’est encore plus vrai pour l’eau : comme on en a plein la champlure, on la tient pour acquise, et on la boit sans même savourer le mystère de sa non-saveur qui en est une (plusse là-dessus plus loin).
La première étape d’un verre d’eau gastronomique est donc la déshydratation. Allez hop! Dans le sauna infrarouge, avec aucun liquide!
Vous avez un petit mal de tête, comme si vous aviez eu à écouter une entrevue avec Bernard Drainville? On est sur la bonne voie.
Les lèvres vous gercent et vous avez le pipi jaune vif? C'est un bon départ. On continue.
Vous respirez rapidement, êtes étourdi·e, et même les compilations YouTube de chiens heureux que leur maître soit rentré d’Irak n’arrivent pas à vous faire pleurer? Quand vous crachez par terre, ça fait un petit tas de poussière? Good! On y est!
Combattez les vertiges et les évanouissements, si possible pas au volant de machinerie lourde, et portez le contenant à votre bouche. Appréciez l’odeur de chlore qui évoque les meilleurs souvenirs de piscine intérieure et d’yeux qui piquent. Sentez vos lèvres se défroisser comme un papier de soie au contact de l’eau. Écoutez vos papilles se noyer dans le bonheur d’être hydratées. Étouffez-vous avec les premières gouttes qui passent dans pas le bon trou parce que vous avez respiré en même temps. Dégustez la délicate saveur de votre première gorgée de…
*bruit de scratch sur un disque comme dans les podcasts humoristiques*
Pa-re-don? La saveur de l’eau? Le goût de la hachedeuzo?
Voyons, viarge, ça goûte ardjien, de l’eau!
…
En êtes-vous bien sûr·e?
Parce qu’une gorgée d’eau tiède prise dans une main sous le robinet de la chambre de bain, ça ne goûte pas tout à fait pareil qu’une gorgée glacée d’eau de source d’un esker québécois. Selon les scientifiques, le goût de l’eau (encore toé, Michel?) est influencé par sa teneur en minéraux, sa température, son processus de filtration et à quel point ça fait longtemps que t’en as pas bu.
Pis ça se peut aussi que ça goûte l’intérieur de ta bouche. Avoue que ça aurait du sens.
Vas-tu finir ton verre d’eau?
Ne serait-ce que pour continuer à vivre (quoique… un p’tit break de ça pendant une ou deux semaines pour ensuite revenir en force comme un ordi qui reboot, ce serait le fun des fois), oui.
Va-t-on le finir huit fois par jour? Non. Parce que ce chiffre, semblerait que c’est de la bouette. On va plutôt suivre les recommandations françaises :
En France, les recommandations du programme national nutrition santé tentent de tenir compte des différences personnelles en suggérant de boire 30 ml d’eau par kilo de poids corporel, soit entre 1 et 1,5 litre, ce à quoi s’ajoute l’eau contenue dans les aliments. Et ensuite, il faudrait ajouter 0,5 litre par degré au-dessus de 38 °C.
Parlez-nous de ça, kek chose de simple! Simple comme de l’eau de poche!
Wow, on le ramène de plus en plus tôt astheure!
Ceci à condition que vos Stanley Cup ne soient pas remplies de vodka-jus d’orange ou, pire, de 40 onces de Metamucil.