Le Cinquième Élément (la ratoure, évidemment)
Une finale des Chefs avec des candidats tellement soudés qu’on dirait un trouple.
Tel·les les apôtres (et… apôtresses?), iels étaient douze. Puis, un ptit nouveau s’est joint à la troupe, alors iels étaient treize. Mais ce soir, ils ne sont plus que trois. Et à la fin de l’épisode, ils ne seront plus qu’un, ce qui fucke un peu la grammaire de notre formulation. Devant la montagne de la gastronomie, ils ont su gravir les défis et se transformer en sherpas du sel et poivre, conquérant l’Himalaya de la sauce et le Kilimandjaro de la cuisson, et… et c’est à ce point-ci de notre phrase qu’on se rend compte que c’est peut-être moins facile qu’on le pensait, de faire des images comme Colombe.
Allons-y donc straight : hey, c’est la finale des Chefs ce soir! Trois concurrents entrent dans le ring… pis trois concurrents vont en ressortir, mais y’en a un qui va avoir les bras pleins de certificats-cadeaux et de prix divers, allant de 500$ pour un frigidaire à un séjour de trois semaines dans un spa gastronomique en Mauricie. Et ces trois concurrents sont…
Luca
Il a grimpé cinq fois sur le podium et n’est jamais allé en duel. Son père et la conjointe de son père (ou est-ce la conjointe de Luca? c’est pas super clair comment c’est écrit) savent que c’est le meilleur.
Son point faible : il pleure quand on lui montre son enfant.
Guillaume
Aussi connu sous le nom de Killer Gui quand l’œil du tigre le pogne, il a remporté quatre défis. Sa conjointe qui est aussi son fils (encore une fois, c’est pas super clair comment c’est écrit) est très fière de lui.
Son point faible : des fois il vient tellement focus qu’il passe deux semaines à éplucher une seule patate à la perfection.
On est tous avec toi comme une main sur ton épaule.
— Le cousin de Guigui, qui tente de piquer la job de Colombe, avec encore moins de succès que nous
Anthony
Anthony n’a jamais fait de duel, il a gagné des défis, etc., etc., mais surtout : pour quossé faire que le chien d’Anthony est pas nommé, lui!? Il a pas été un good boy?
Son point faible : il a récemment regardé le Bye Bye 1970, et a l’intention de rendre hommage à Olivier Guimond lors du défi. (Vous comprendrez plus tard, restez avec nous.)
Qui des trois réussira à impressionner le plus une table de juges habillé·es comme pour un bal de finissants? C’est ce qu’on va savoir bientôt, parce que Les Chefs points d’exclamation tite ligne L’affrontement en italique, ça se termine…
Le défi final, définal pour les intimes, aura pour thème : les quatre éléments, soit l’eau, l’air, la terre et le feu. Il faudra donc quelque chose qui goûte rien, quelque chose qui fait roter, un poireau mal lavé et une toast brûlée. Autour de ce thème, les finalistes devront cuisiner une entrée froide, une entrée chaude, un plat principal et un dessert. Pis s’ils ont le temps, ils devront aussi enrober une cerise au marasquin dans du chocolat un peu cireux, qui sera remise aux juges en même temps que la facture. Ils auront cinq heures pour popoter tout ça, ce qui est vraiment exagéré. Généralement, quand on va au resto, y nous amènent notre assiette en moins d’une demi-heure.
Pour passer le temps, puisqu’on n’a pas de petit menu pour enfant à colorier avec un paquet de quatre crayons de cire, on vous propose un jeu : chaque fois qu’Élyse s’extasie sur de quoi de trop mignon, mangez une poignée de salicorne! (Par le passé, on aurait fait une joke de shooter, mais avec le temps, on est devenu·es plus sensibles aux personnes sobres de notre entourage, alors on suggère maintenant des excès sous forme de patente verte de bord de mer qui pousse dans l’arrière-cour de chez Colombe.)
Ça commence évidemment par 15 minutes d’explication de menu, parce que c’est pas de la gastronomie si tu ne nommes pas chaque maudite affaire qu’il va y avoir dans l’assiette. Le tout est accueilli par une variante de…
Pendant que Guillaume fait du bricolage en utilisant de vieux rouleaux de papier de toilette comme emporte-pièces pour sa meringue, Luca enfourne… du feu. En gros, il va fumer sa truite en faisant un hotboxing dans le poêle à 5000 piasses, et Pasquale donne un conseil aux gens à la maison : faites pas ça dans votre deux et demi avec votre poêle inclus dans votre loyer. On prend des notes.
À l’inverse totalement, Anthony part une crème glacée au mélilot (et une pinouche de plus sur notre bingo boréal!). Isabelle note que sa bombe Alaska va contenir : deux sorbets, une crème glacée, une génoise, une ganache, un crumble, un coulis de framboise, l’alignement 1984 des Flyers de Philadelphie, le concept de liberté, une nouvelle traduction de L’Odyssée d’Homère et de la meringue. «Juste pour le dessert.»
Puis, Anthony prépare ses lunchs de la semaine en partant une batch de sandwichs au Paris Pâté.
Oups! On nous informe qu’il s’agit en fait de longuets. Juge Boulay explique : «Des longuets, ça se fait entre deux tranches de pain. À l’intérieur il y a une mousse. C’est cuit au beurre pour le rendre croustillant.» Oh, ben, scusez perdon. Ce sont donc des sandwichs CROUSTILLANTS au Paris Pâté. Très différent.
Les meringues de Guillaume sortent du four avec le look d’un tube de pâte Pillsbury ouvertpar un enfant et/ou nous autres quand on varge un peu trop fort sur le tube sans avoir lu les instructions au complet.
Et parlant de ne pas lire les instructions au complet, Guillaume a justement choisi cette finale pour découvrir qu’il n’a aucune e(bip) d’idée de comment fonctionne l’extracteur à jus. Cue la musique de Benny Hill.
Pendant ce temps, Anthony a l’air de travailler dans un Subway extrêmement fancy, où on sert des six pouces que le pain c’est du foie gras.
La différence, c’est qu’au Subway, ton sandwich, y te le mettent dans un sac. Anthony, lui, a décidé que deux ou trois tour de Saran Wrap, c’était ben assez pour protéger 400 piasses de foie gras dans un bac de sous-vide.
«Il court trop, Anthony», déclare Élyse, qu’on soupçonne dotée d’un pouvoir de prémonition. Parce qu’alors qu’il ne reste que cinq minutes avant de sortir les entrées, Anthony court effectivement trop et nous offre une chute spectaculaire, digne d’une compilation YouTube de monde qui prennent des débarques.
Dans l’ordre des meilleures chutes, on dirait que ça fait :
3) La chute du mur de Berlin
2) Les chutes Montmorency
1) Anthony qui imprime sa face dans le muret
C’est donc avec une pelure de banane sur la tête, un peu de sang sur la tempe gauche et une manche de jacket qui tient de justesse qu’Anthony va aller présenter ses plats1, parce que…
Entrées donc!
Pour son entrée froide sur le thème de l’eau, Anthony a cuisiné la morue noire au complet, du foie en mousse jusqu’à la peau en chips, en passant par les arêtes, qu’il a utilisées dans un petit rituel sacrificiel païen implorant les dieux anciens pour de meilleures récoltes. Pour son entrée chaude sur le thème de la terre, il a cuisiné le gland de chêne, et nous sommes trop immatures pour en parler alors NEXT!
Luca a également fait son entrée froide sur le thème de l’eau. Son homard est servi dans ce qu’il a ramassé dans le compost. Heureusement, il a trouvé des pelure de clémentine, parce que ça aurait aussi bien pu être servi dans un nid de pelures de carottes pis deux kleenex.
Son entrée chaude est sur le thème du feu parce que, et là suivez bien parce que c’est un pas pire stretch : quand Luca pense à la truite, il pense à la pêche sur glace, ce qui lui fait penser à la petite cabane dans laquelle il y a… un feu. Fiou! On a atteint notre objectif de pas pour la journée juste à suivre ce raisonnement-là.
Histoire de pas ralentir le groupe, Guillaume a aussi fait son entrée froide sur le thème de l’eau, avec un pétoncle servi dans une mousse d’eau d’airelles, qu’il est important de ne pas confondre avec une mousse d’eau d’aisselles.
Checkez ben, là… Y’est passé minuit, ça fait 10 semaines qu’on dort pas les lundis soirs, vous allez prendre cette joke d’eau d’aisselles pis vous allez la rire. C’est-tu clair?
— Les Vas-tu, qui commencent à moins bien gérer le stress avec l’âgeClair comme de l’eau d’aisselles.
— Que vous allez répondre devant votre écran
Fin de la première ronde, c’est l’heure d’une pause danse!
La fièvre du samedi soir s’empare de deux de nos concurrents, alors que Luca cache derrière le comptoir des moves de bassin endiablés au son de Thong Song de Sisqó2…
… et qu’Anthony est plutôt du type Black Eyed Peas et booty shakin’...
… Guillaume attend sagement que Colombe leur donne les consignes du deuxième service. Il espère, grâce à son écoute active et son calme, être nommé l’ami du jour du service de garde Les Petites Colombines et avoir le droit de dîner avec les adultes dans le local spécial au lieu d’avec les deux énervés du groupe.
Colombe donne le signal en criant juste assez fort pour enterrer le bruit des steppettes de nos deux John Travoltartiflette et c’est… reparti! Il ne reste plus que deux heures aux candidats pour continuer/terminer/commencer oh boy chus dans le jus, là leur plat principal et leur dessert.
Un vieux proverbe dit qu’on ne fait pas d’omelette sans casser des oeufs, mais ledit proverbe a jamais précisé où fallait les casser. Anthony opte pour le plancher du studio, dans un hommage au burlesque qui rendrait fier Olivier Guimond.
Imaginez la toune de Benny Hill (qui va recevoir un pas pire chèque de redevances grâce à ce texte si ça continue à ce rythme) chaque fois qu’il traverse le studio en courant et vous avez une expérience immersive 360° pour laquelle il vous aurait fallu payer au moins 35 piasses au Palais des congrès sans compter le parking pis l’inévitable ticket.
Soudain, pendant que les juges papotent de patates parisiennes et que Jean-Luc demande à l’accessoiriste une deuxième p’tite napkinne en tissu pour essuyer son coin de bouche à force de parler de la viande qui rôtit dans le gras de viande de Guillaume, un bruit strident déchire l’air du studio.
*iiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii*
Est-ce la cafetière italienne de Luca qui émet ce son, propre à faire hurler jusqu’aux chiens de Saint-Lambert?
Eille, ça va faire le bruit de la ville, j’vas me plaindre pour nuisance publique pis faire farmer ça, vos concerts de musique du yâble!
— Le résident moyen de Saint-Lambert, qui a le service de police sur le speed dial
Non, c’est Élyse!
Maintenant qu’on a retiré Élyse de sur le feu, elle a arrêté de siffler.
Les juges s’en inquiétaient depuis un bon moment et c’est maintenant l’heure pour Anthony d’aller repêcher ses ballotines de foie gras et de canard, parties se saucer avec yienque un mini maillot de bain en cellophane dans le thermocirculateur.
Mais avant qu’on vous montre de quoi ça a l’air, on va vous faire faire quelques exercices de voix, d’accord? C’est basé sur une méthode conjointe de projection au théâtre et de black métal norvégien (oui, le genre de musique que le logo c’t’un tas de branches à terre).
Mettez la main sur votre abdomen et inspirez. Vous devez sentir votre ventre se gonfler.
En expirant, poussez un long cri grave en tentant de toujours faire venir le son de votre torse (c’est votre voix de poitrine)(de poulet)(rôtie barbekiou).
Répétez trois ou quatre fois, le temps d’une pub de Montellier-que-c’est-pas-Montpellier-Montpellier-c’est-en-France-y’a-pas-de-p-dans-Montellier-coudonc-ça-achève-tu?.
Faites quelques mamemimomumimamomu ben aigus pour réchauffer votre voix de tête (de violon).
Voilà, votre voix est échauffée, vous êtes physiquement mais pas psychologiquement prêt⸱es à voir les ballotines de Tony sortir de l’eau avec la grâce de trois lamantins paquetés. Prenez une grande inspiration, regardez fixement votre ordinateur, glissez la souris vers le bas et…
HURLEZ DE TERREUR AVEC NOUS
Pendant que Jean-Luc, Isabelle et Élyse incarnent parfaitement les emojis 🙊🙈🙉, Pasquale est si dépassé par les événements qu’il n’a aucune baboune de circonstance. Normand, lui, est tout simplement catatonique.
Optimiste, Anthony ne se laisse pas démonter par le fait que toute la saveur de son plat principal vient de tomber littéralement à l’eau. Il récupère deux des trois noyés avec une louche de sauvetage et se met à égrener le foie gras qui s’est échappé de la crépinette pour le récupérer. Élyse, rompue aux secrets de la scène, se lance dans une danse interprétative de foie gras échappé de la crépinette.
Plein de ressources, Luca a sorti son meilleur gossage maison avec du duct tape et trois assiettes à tarte pour macgyver son canard.
Toujours dans sa transe de ballet jazz, Élyse se part du Tchaïkovski pour incarner la cuisson du cygne.
Puis, après avoir appris combien gagne en moyenne une danseuse contemporaine professionnelle au Québec même avec des dizaines d’années d’expérience…
… Élyse décide de revenir à l’animation télé et radio. Excellent move de carrière, Élyse!
Eille, aviez-vous gardé pas loin votre tape cassette de la trame sonore de Benny Hill? C’est le temps de la mettre sur la face B!
Et yienque de même (and just like that), il reste que trois minutes pour dresser les assiettes, et Colombe profite du fait que les concurrents sont super concentrés et l’écoutent pas pantoute pour se confier sur la personnalité Docteur Jacquette et Mister Heidegger de Guillaume.
Impressionnée et peut-être un peu terrifiée par le focusse dont fait preuve Killer Gui, Colombe témoigne : «Moi je vois un Guillaume vraiment compétiteur, c’était fou, y’avait les yeux noirs.»
Mais qu’est-ce qui brille le lundi soir
Ce sont ses yeux noirs
Un coat de chef, des cheveux courts
Tu cuisines du potiron
Et je sens la peau de ton canard
Croustiller avec d’l’ail noir
Où vas-tu les yeux noirs
Tu t’en vas cuire des poires
—Indochicorée
Pis pendant qu’on fredonnait ce vieux succès, Colombe sonne la fin du taïmeurre qui indique le début du service du plat principal (donc sonne le début du service du plat principal qui commence quand sonne le timeur qui, lui, indique la fin de quand qu’on cuisine).
Ga ben ça, on va vous épargner les explications des trois plats qui sont vraiment trop fancy et complexes pour nos ti cerveaux de y’é tard un lundi soir de fin de saison des Chefs on vous l’a-tu déjà dit?, pis on va juste vous dire :
Qu’Anthony cuisine le canard parce que son thème c’est l’air pis le canard ça vole (son inspiration, c’est Duck Hunt);
Que Luca a fait du pollen de fenouil parce que le pollen c’est dans l’air, pis y’a du pissenlit qui est dans l’air, pis les pleurotes ça pousse haut dans les arbres dont dans l’air, pis aussi les nuages c’est dans l’air;
Que Guillaume, pour aller avec son thème de terre, sert de l’agneau parce que l’agneau marche sur la terre du Québec, faque ça marche avec le concept, OK LÀ?
Pis parce que ce deuxième service est dégusté avec encore beaucoup de bouches pleines et de micro à deux pouces desdites bouches pleines, on va vous traduire ce qui s’est dit entre deux gorgées de sauce :
Les juges n’ont quasiment rien trippé dessur de dans l’assiette d’Anthony, à part le fait que son fond de canard, comme du boeuf haché mi-maigre la veille de passer date, était réduit (pour vente rapide?). On croirait entendre notre chum Marie-Andrée parler de sa dernière date Bumble plate en essayant d’y trouver des qualités, comme «ben, il vouvoie toujours son barista» pis «il s’est quand même retenu de roter à table»;
Les juges trippent solidement sur l’assiette de Luca. Même que Pasquale, goéland toujours impeccablement vêtu, se quête des restants de saucisses. Iels (les juges, pas les saucisses) vivent aussi de grandes émotions littéraires yienque à entendre la description du plat, faisant fuser des compliments tels que «On dirait de la poésie!» et c’est à se demander pourquoi Luca est encore en cuisine au lieu d’être dans un open mic pendant Métropolis Bleu;
Les juges trippent sur la présentation de Guillaume, et aussi sur le goût de l’assiette de Guillaume, mais on sait pas si c’est parce qu’il leur a fait ses fameux yeux noirs.
Est-ce qu’un meneur commence à se profiler? On s’en voudrait de se prononcer prématurément pis de se tromper, mais on pense que le canard d’Anthony est mort.
Tout peut encore se jouer au dessert!
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